En Guinée, le président de la transition veut que la bauxite, essentielle à la fabrication de l’aluminium, soit désormais transformée sur place. Pour assurer un partage équitable des revenus, il demande aux entreprises minières de construire des raffineries. Elles ont jusqu’au 31 mai pour proposer un calendrier précis.
De notre correspondant à Conakry, Matthias Raynal
Six compagnies ont répondu à l’invitation de Mamadi Doumbouya pour une rencontre au cours de laquelle le ministre des Mines a pris la parole. « Nous sommes dans l’obligation, dans leurs conventions respectives de base, de réaliser des raffineries sur le territoire guinéen », dit-il.
Mais la méthode interroge. Pour Thierno Madiou Barry, le PDG de Kebo Energy, une entreprise qui développe un projet d’exploitation de bauxite, c’est au promoteur de décider. « C’est le promoteur qui programme pour une industrie. Ce n’est pas parce qu’un chef de l’État veut une industrie qu’on peut faire une industrie », estime-t-il.
Des coûts énergétiques extrêmement importants
Le président de la transition se dit « conscient de la complexité d’un projet de construction de raffineries », mais c’est « non négociable », insiste-t-il. Mamadi Doumbouya met en garde : tout retard « se traduira par des pénalités ». « Il faut comprendre aussi que la transformation de bauxite en alumine créera de la chaîne de valeur, mais génère aussi des coûts extrêmement importants, surtout énergétiques. Donc, c’est faisable à condition que certaines contraintes infrastructurelles en matière de production énergétique », décrypte l’économiste Mamoudou Touré.
Selon le spécialiste, la bauxite représente 8% du budget de l’État et 6% du PIB guinéen. Ce n’est pas assez pour le président de la transition qui dénonce une « inégalité » dans les relations entre Conakry et les sociétés minières. Un « jeu de dupes » auquel il veut mettre fin.
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