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Mesfin Tasew, le nouveau PDG d’Ethiopian Airlines

Le 24 mars dernier, il a pris la tête d’Ethiopian Airlines, la plus grande et la plus dynamique de toutes les compagnies aériennes africaines. Mesfin Tasew était jusqu’alors l’un des hommes de confiance du DDG sortant Tewolde Gebremariam.

Mesfin Tasew est un homme silencieux au sein d’une compagnie qui fait du bruit. C’est un homme secret qui n’apparaît jamais dans les médias, qui ne prend pas la parole en public, mais qui depuis son entrée au sein d’Ethiopian Airlines a participé à toutes les batailles, à toutes les révolutions, qui ont permis à cette petite compagnie régionale créée en 1945 de devenir un mastodonte du transport aérien africain.

Un homme l’a bien connu. Il a travaillé avec lui pendant un an au sein d’Asky, compagnie togolaise gérée par Ethiopian Airlines. Nowel Ngala est le directeur commercial et des opérations au sol d’Asky : « Monsieur Mesfin est pur produit d’Ethiopian Airlines pour y avoir exercé durant 38 années. Il a occupé divers postes et il a grandi avec la compagnie. Il était très, très proche du pédégé sortant, monsieur Tewolde ».

Un homme du sérail donc, mais au profil atypique. Mesfin Tasew n’est pas l’un de ces diplômés de grandes école de commerce ou l’un des financiers de haut niveau, comme on en rencontre tant à la tête des grands groupes. C’est un ingénieur, un diplômé d’avionique. Un homme pour qui la précision et le résultat priment, selon Nowel Ngala : « De par son passé d’ingénieur, il est très méticuleux. Il s’intéresse à tous les détails. Et donc, il suit très précisément ses diverses tâches et s’assure que tout est bien exécuté ».   

En trente huit ans au sein d’Ethiopian Airlines, Mesfin Tasew a eu le temps d’apprendre les divers aspects du métier. Il s’est occupé notamment d’achat d’avions, avant de diriger les opérations de la compagnie de 2010 à 2021. Durant une petite année, il a pris la tête d’Asky, la filiale togolaise, sans doute pour y peaufiner ses qualités de manager. En réalité, il a été programmé depuis longtemps par son prédécesseur Tewolde Gebremariam pour lui succéder, c’est ce que pense Aberrahmane Berthé, le secrétaire général de l’Afraa, l’association africaine des compagnies aériennes : « Ethiopian a toujours eu un plan de succession, donc je pense que Mesfin n’est pas arrivé en remplaçant de monsieur Tewolde comme cela. Cela fait partie du plan en place, donc je ne pense pas qu’il y ait de bouleversement assez important. Les grandes lignes de la stratégie vont rester ».

Et les grandes orientations stratégiques de cette compagnie hors normes peuvent se résumer ainsi : s’imposer en Afrique et dans le monde.

Depuis vingt ans, cette compagnie soutenue par l’État éthiopien est celle qui dans le monde a connu le plus fort développement. Ethiopian était au début des années 2000 une compagnie régionale avec une ouverture vers l’Europe. Et elle opéré une modernisation considérable, jusqu’à doubler en quelques années les géants africains, South African Airways, ou encore la Royal Air Maroc. « Ethiopian Airlines, c’est le joyau du gouvernement éthiopien, nous explique le journaliste spécialisé en transport aérien, Pierre Georges. C’est un État dans l’État. Déjà c’est 23 destinations domestiques sur le territoire éthiopien, c’est 116 destinations internationales pour relier l’Ethiopie aux grands marchés mondiaux, aux premiers rangs desquels, la Chine, l’Europe et les grands marchés du Golfe. Et c’est enfin 61 destinations sur le continent africain… ce qui en fait vraiment la porte d’entrée de l’Afrique aux yeux du monde ».

Cette réussite tient à la fois à son business model inspiré de celui de Singapore Airlines et de l’appui du gouvernement éthiopien qui, s’il ne subventionne pas directement la compagnie, la laisse gérer ses bénéfices, ne réclame pas de dividendes, tout en lui permettant d’avoir accès à des prêts bonifiés. Ethiopian Airlines symbolise mieux qu’aucune autre société africaine la modernité du continent, son ouverture et sa place grandissante dans les échanges mondiaux. Mesfin Tasew est en quelque sorte l’héritier d’un empire en pleine renaissance.

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