Voici près d’une semaine que l’ONG humanitaire Médecins sans frontières a annoncé de manière unilatérale, la suspension de ses activités dans le sud-ouest du Cameroun. Une décision retentissante, expression probablement du ras-le-bol de cette organisation régulièrement accusée par les autorités camerounaises d’être en collision avec les combattants séparatistes dans cette région en crise. À Yaoundé, l’on dénonce une manœuvre perçue comme une fuite en avant.
Avec notre correspondant à Yaoundé, Polycarpe Essomba
C’est une suspension d’activité qui n’a pas vraiment surpris à Yaoundé, au ministère de l’Administration territoriale. Un fonctionnaire de premier rang a évoqué, sous anonymat, pour RFI, une fuite en avant et un chantage de mauvais goût de la part de MSF. Et ledit fonctionnaire de rappeler une injonction à l’ensemble des ONG opérant au Cameroun, qui avait été faite par son patron, le ministre Paul Atanga Nji, en août 2021, de fournir à l’administration, un ensemble de pièces contraignantes constitutives du dossier autorisant à exercer au Cameroun.
Climat tendu
Dans la ligne de mire des autorités se trouvait déjà MSF accusée, de manière très explicite, d’avoir porté assistance et prodigué des soins à un redoutable combattant séparatiste sans en avoir informé les autorités. Dans le communiqué où elle annonce la suspension de ses activités dans le Sud-ouest, l’organisation humanitaire indique elle-même que sa capacité à fonctionner en toute liberté a été freinée par le climat tendu qui règne entre l’ONG et les autorités qui l’accusent de complicité avec des groupes séparatistes.
Regrets
La société civile inquiète n’a pas manqué de réagir. Maximilienne Ngo Mbe qui dirige l’une des plus importantes associations de défense des droits humains a dit regretter cette suspension. Elle a invité MSF à ne pas abdiquer pour le bien des populations du Sud-Ouest.
► À lire aussi : Cameroun: deux journalistes d’Equinox TV privés d’antenne