À l’approche du ramadan, le 2 avril en France, les diasporas africaines augmentent traditionnellement les transferts d’argent vers les pays d’origine. Cette année, le mouvement prend une autre ampleur du fait de la hausse des prix des denrées, conséquence notamment de la guerre en Ukraine. Les transferts de fonds de la diaspora africaine pèsent 85 à 100 milliards de dollars chaque année. De plus en plus, les Africains utilisent les portefeuilles en cryptomonnaies afin d’économiser sur les frais.
L’argent n’a pas d’odeur, mais il a un coût. Transférer des fonds à la famille restée au pays s’avère onéreux : entre 3 et 7% des sommes selon les pays et les opérateurs financiers. Les diasporas ont donc très vite compris l’intérêt d’utiliser les cryptomonnaies pour les transferts d’argent.
Les frais sont infimes, environ 0,1% des sommes engagées et les résultats sont immédiats puisque la cryptomonnaie arrive directement dans le portefeuille électronique de l’utilisateur.
► À lire aussi : Transferts d’argent: vers un «retour à la croissance» grâce au numérique
En Afrique, 85% des détenteurs de cryptomonnaies s’en servent pour des transferts d’argent transnationaux. L’Afrique est d’ailleurs devenue en 2021 l’une des places fortes des devises électroniques. Elle compte davantage d’utilisateurs de cryptomonnaies que l’Amérique du Nord.
L’engouement pour les bitcoins, ethereum ou autres solana, cardano ou afro, s’explique aussi par la faible bancarisation et la forte inflation que l’on trouve sur le continent. Même avec leurs mouvements erratiques et les risques de mort monétaire, les cryptos sont considérées -à tort ou à raison- comme des instruments d’épargne et de spéculation.
L’Afrique pourrait donc devenir un eldorado des cryptos, et ce en dépit de législations parfois très contraignante. Ainsi le Nigeria qui interdit pourtant les transactions en cryptomonnaie compte le plus grand nombre d’utilisateurs en Afrique.
• Avant le début du ramadan, les familles de la diaspora économisent
En France, de nombreuses familles en France s’organisent pour envoyer de l’argent à leurs proches en Afrique. C’est le cas de la famille Diallo, d’origine sénégalaise et qui vit en France depuis 2010. Ce couple de commerçants a ouvert en 2012 un magasin de commerce général dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Et comme les années précédentes, ils sont en train de cotiser de l’argent pour soutenir la grande famille au Sénégal.
Derrière ce comptoir vitré, Salimatou Diallo reçoit des clients, les uns après les autres. Agée d’une quarantaine d’années et mère de trois enfants, elle vit avec son mari Seydou Diallo à Paris depuis 12 ans. Comme à l’accoutumée, ils ont prévu de l’argent pour leurs familles respectives.
Reportage avec une famille parisienne