14 morts, 150 000 sinistrés… À Madagascar, une semaine après le passage du cyclone Emnati, le bilan continue d’évoluer. Lundi soir, dans son point de situation quotidien, le Bureau national de gestion des risques et catastrophes annonçait que plus de 200 000 élèves restaient privés de cours.
Avec notre correspondante à Antananarivo, Sarah Tétaud
Sur la côte centre-est, la plus durement touchée par deux cyclones successifs, les instructions ont été données de remettre dès que possible les enfants à l’école mais la reprise de l’enseignement est loin d’être évidente. C’est le cas de la ville de Mananjary où quelques établissements publics ont rouvert, ce lundi 28 février.
Depuis le 4 février, veille du passage de Batsirai, le premier des deux récents cyclones, les enfants de ce père de famille n’ont pas remis les pieds en classe. Et pour cause: leur école primaire publique a été dévastée.
« Ça me rend triste parce qu’il leur manque déjà les bases. Leur niveau scolaire est bas. Cette fermeture prolongée ne fait qu’accentuer le problème. Et on n’a aucune idée du moment quand ça va rouvrir. Je demande souvent à la directrice et jusqu’à présent elle ne sait pas. Une solution qui pourrait être efficace serait l’ouverture d’une école même provisoire, pour que les enfants puissent revenir sur les bancs », souligne-t-il.
Lundi, les établissements publics en mesure d’ouvrir une ou deux salles de classe ont commencé à accueillir à nouveau les élèves. Pour ce faire, il a fallu d’abord déplacer les sinistrés vers d’autres sites d’hébergement.
Mais ce premier jour d’école a surtout été l’occasion de remettre en l’état les salles et faire le tri des matériels encore récupérables, notamment parmi les manuels scolaires. Ces activités ont été observées par Jean-Benoit Manhes, représentant adjoint de l’Unicef à Madagascar, actuellement à Mananjary.
« Dans beaucoup d’endroits, les enfants retournent à l’école, en priorité ceux qui sont en classe d’examen, mais se retrouvent dans un environ où ils n’ont plus les moyens d’apprendre. Etre dans l’environnement scolaire ne signifie pas encore avoir un retour à l’éducation. Les tentes, bien sûr, c’est envisageable mais il faut juste garder à l’esprit la quantité d’écoles détruites. On parle de 1 500 établissements scolaires ! Aujourd’hui, les tentes ne sont qu’un moyen de support pour les cas les plus extrêmes. »
L’Unicef vient de distribuer des fournitures scolaires à près de 40 000 enfants des zones impactées. L’agence onusienne s’attelle également à soutenir les enseignants, victimes eux-aussi du cyclone, afin qu’ils puissent reprendre au plus vite leur fonction et à réparer différents établissements scolaires.
« Ces travaux risquent de prendre encore plusieurs jours voire plusieurs semaines avant d’offrir une situation à moitié acceptable », ajoute le représentant adjoint de l’Unicef à Madagascar.
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Ces épisodes climatiques extrêmes et leurs conséquences dévastatrices relancent, une nouvelle fois, le débat du calendrier scolaire. Beaucoup ici souhaiteraient que les grandes vacances soient planifiées pendant la saison cyclonique et non comme en Europe, en juillet-août.