Arrêté en décembre pour des tweets moquant le fils du président Yoweri Museveni, l’écrivain ougandais Kakwenza Rukirabashaija est désormais réfugié en Allemagne. Pays qu’il a rejoint après un long périple qu’il nous raconte.
« Je suis allé à l’hôpital. Les examens ont indiqué que j’avais plusieurs fractures, que mes reins étaient endommagés et que mon état de santé global était très mauvais », raconte-t-il au micro de Nadia Ben Mahfoudh de la rédaction Afrique. Libéré sous caution le 29 janvier, il a fui son pays le 9 février car il n’avait plus le choix, selon lui : « J’ai demandé aux autorités de me rendre mon passeport pour me faire soigner à l’étranger. Ils ont refusé. Il ne me restait plus qu’une seule solution : fuir le pays ».
C’est donc après avoir été torturé et menacé de mort que l’écrivain saute le pas et se lance dans un périple vers l’Europe. « J’ai fui illégalement. À pieds, j’ai traversé les frontières avec le Rwanda puis je suis passé par le Burundi et le Malawi pour finalement prendre un vol jusqu’en Allemagne. Je sais que tout le monde veut savoir comment j’ai pu y arriver mais pour le moment je ne peux pas en parler », raconte-t-il.
Aujourd’hui, l’auteur vit en Allemagne mais craint pour sa famille. « J’habite dans une petite maison au bord d’un lac à Munich. Ma femme et mes six enfants sont restés en Ouganda. Ils vivent dans la peur. Le fils du président a menacé de tuer ma famille et mes proches si je montrais mes blessures ou si je parlais aux médias », témoigne-t-il. Pour autant, il ne compte pas se taire : « Il y a un dicton qui dit : « blessez un écrivain, il saignera de l’encre« . Ma seule arme est l’écriture ».