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Au Cameroun, «bien vieillir avec le VIH»

Au Cameroun et au Sénégal, le projet « Bien vieillir avec le VIH » vise à mieux connaître le profil médical des patients séropositifs et à tester un modèle de prise en charge simplifié où le suivi des maladies de l’âge seraient assurés à moindre coût et au même endroit que le suivi VIH. Reportage au Cameroun, sur le site de l’Agence de recherche sur le Sida et les hépatites virales (ANRS), à l’hôpital central de Yaoundé. 

Les mains croisées sur son ventre, cette mère de cinq enfants s’est choisie comme prénom d’emprunt « Ange-Merveille » en guise d’espoir. « J’ai 54 ans cette année. J’ai été dépistée en 2004, j’étais enceinte. À travers ce projet “Vieillir”, j’ai constaté que j’étais diabétique, hyper tendue, j’ai aussi un problème cardiaque », indique-t-elle. 

La population mondiale vivant avec le VIH vieillit. Grâce aux antirétroviraux (ARV), leur espérance de vie est proche de celle de la population générale. Mais avec l’âge, viennent de nouvelles pathologies : hypertension, diabète… auxquelles les patients séropositifs sont plus vulnérables que les autres.

Depuis que son mari l’a quittée, Ange-Merveille gère seule ses enfants avec 70 000 FCFA par mois : « 5 000 FCFA pour les médicaments du diabète et l’hypertension. Pour la consultation du cardiologue, ça coûte 3 000 FCFA. Je ne mets pas le coût du transport parce que les déplacements, je ne peux pas imaginer combien ça peut donner. Si les médecins avaient la possibilité de prendre ces problèmes cardiaques et tout sur place, ça nous avantagerait sur beaucoup de choses. »  

Et c’est bien toute l’idée de l’initiative « Bien vieillir avec le VIH » pour laquelle Géraldine Manirakiza est chargée de projet : « Ce sont des patients qui viennent régulièrement dans le service VIH parce qu’ils viennent pour leur consultation, ils viennent pour renouveler les ARV et tout donc on les voit fréquemment à l’hôpital. Et après quand on les envoie, ils sont ballotés dans tous les services, chez le diabéto, chez le cardiologue. Ils passent leur temps à l’hôpital finalement. Alors que, en intégrant directement, on sait que tout est fait dans le service VIH et c’est tout bénéfique pour le patient. » 

Protocoles simplifiés, équipes VIH à former pour qu’elles sachent détecter quand diriger un patient vers un spécialiste, autre objectif du projet : négocier pour réduire les coûts des différents traitements. Étienne, 57 ans, ancien militaire, connaît sa séropositivité depuis une dizaine d’années. Ses revenus ont baissé depuis qu’il est à la retraite. 

Le VIH ne lui pose plus aucun problème au quotidien, mais le diabète et l’hypertension l’inquiètent : « J’ai le risque de faire l’AVC parce que je suis hypertendu. Bon, j’ai déjà mon petit per diem que l’État me donne chaque fin de mois parce que je suis retraité. Il ne suffit pas. Y a des choses que je dois supprimer pour subvenir à ma santé. Moi, en tant que père, je ne peux pas baisser les bras, sinon ma dame va plutôt tomber, les enfants vont plutôt tomber, tenir debout, tenir la dragée haute pour qu’on continue à survivre. » 

Au Cameroun, on estime qu’un peu moins de 20% des personnes vivant avec le VIH ont aujourd’hui plus de 50 ans. 

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YAGA BURUNDI
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