Depuis le report des élections présidentielle et législatives du 24 décembre 2021, le Parlement basé à Tobrouk cherche un nouveau chef de gouvernement qui conduirait le pays au scrutin. Lors d’une session lundi, les parlementaires ont choisi deux candidats, avant un vote ce jeudi. Ils ont aussi annoncé un calendrier pour le moins étalé de la suite de la transition.
Les élections ne sont pas prêtes d’être de nouveau organisées. Le Parlement de Tobrouk a prévu un scrutin au plus tard 14 mois après l’amendement de la Constitution, un sujet qui justement cristallise les tensions.
Le chercheur Jalel Harchaoui voit dans ce calendrier la main du président de l’institution Aguila Saleh. « Tant qu’il sera là, on risque de ne pas avoir de vote car des législatives devraient logiquement lui faire perdre son poste », indique le chercheur à l’ONG Initiative globale.
Ensuite, les représentants doivent choisir un nouveau Premier ministre dans une élection sans suspense opposant désormais Fathi Bachagha, ancien ministre de l’Intérieur, à Khaled Al Bidass, un quasi inconnu ancien haut fonctionnaire. Or le chef du gouvernement actuel, Abdel Hamid Dbeibah, répète qu’il ne quittera son poste qu’à l’arrivée d’un gouvernement élu. Un face-à-face s’annonce donc entre deux camps ayant chacun de puissants soutiens.
« Fathi Bachagha semble bénéficier d’une collaboration au moins tacite avec l’homme fort de l’est libyen, le maréchal Haftar ainsi qu’avec certaines milices », indique Emmanuel Dupuis, de l’Institut Prospective et sécurité en Europe. Abdel Hamid Dbeibah pourrait lui être soutenu par d’autres groupes armés mais aussi par la Turquie, qui dispose de centaines d’hommes en Libye.
Si le risque de violences est difficile à évaluer, ces développements risquent, selon Emmanuel Dupuis, « de prolonger encore la crise et de retarder l’adoption d’une nouvelle constitution ou encore la mise en place d’un recensement et d’une commission électorale ».
