La Commission des droits de l’homme a rendu public ce mercredi son rapport sur le meurtre de plusieurs chefs traditionnels d’un village oromo, le 1er décembre dernier, qui avait soulevé une forte émotion dans le pays. A l’époque, le pouvoir avait accusé la rébellion de l’Armée de libération oromo. Mais la Commission, un organe public indépendant, pointe aujourd’hui la responsabilité de la police de l’Etat de l’Oromiya dans cette tuerie dont les faits sont maintenant établis.
Quatorze membres de la chefferie traditionnelle des karrayyuu, un peuple pastoral oromo, ont été exécutés froidement, dans la forêt, en représailles à une attaque des forces de sécurité par la rébellion. Leurs proches ont été longtemps empêchés d’enterrer les morts et certains ont été abîmés par des animaux sauvages.
Le rapport de la Commission éthiopienne des droits de l’homme dit avoir « des motifs raisonnables de croire » que leurs assassins appartenaient à la police de l’Oromia, sous les ordres du chef de la force régionale et du ministre de la Paix de la province.
Son enquête repose sur une mission sur place et le témoignage des familles des victimes, de survivants, de témoins oculaires et de responsables gouvernementaux, selon son communiqué de presse. La Commission, présidée par Daniel Bekele, ancien cadre d’Amnesty International et de Human Rights Watch, demande que des poursuites soient engagées contre les tueurs et leurs chefs.
Cette enquête « non seulement prouve de manière décisive que le récit de l’État était faux », a réagi Tsedale Lemma, la fondatrice du site Addis Standard, qui le premier a révélé le scandale, mais elle prouve aussi que ce dernier « avait raison depuis le début », selon elle, malgré les calomnies. Le gouvernement fédéral n’a pas encore réagi à sa publication.