Au lendemain des nouvelles annonces du président tunisien Kaïs Saïed, et alors que celui-ci assoit davantage son pouvoir, certains de ses opposants se sont réunis à Tunis, mardi 14 décembre. Une coalition assez large mais qui ne comprend pas de membres d’Ennahdha. Ces opposants disent vouloir mettre en place un mouvement dit de « sauvetage national ».
Avec notre correspondante à Tunis, Amira Souilem
Ils viennent d’horizons politiques divers mais sont unis dans leur opposition au président tunisien. Alors que Kaïs Saïed a annoncé la tenue d’élections législatives dans un an, ses opposants réunis mardi 14 décembre y voient une façon de prolonger son exercice solitaire du pouvoir.
14 personnalités politiques – dont des députés au chômage technique, le parlement restant gelé – ont ainsi appelé au « sauvetage » du pays. Parmi eux, Ahmed Nejib Chebbi, à la tête d’une formation de gauche :
« Un seul homme s’accapare le droit de décider pour la nation. Le pays a besoin d’être sauvé. Le sauver de l’effondrement, le sauver de la dictature. Revenir à une démocratie et relancer l’économie tunisienne autour d’un gouvernement de sauvetage sur la base d’un programme de sauvetage. »
Dans le discours de Kaïs Saïed de lundi, aucune mention à une quelconque présidentielle n’a été faite. De quoi susciter l’inquiétude de ses opposants qui martèlent leur volonté de mise en place d’un dialogue national.
« Nous souhaitons que la société tunisienne représentée par ses partis politiques, ses associations de la société civile se réunissent autour d’une table et décident de l’avenir du pays. Kaïs Saïed fait partie de la crise, il a donc normalement sa place, lui-même ou son représentant, à ce dialogue. Mais ce dialogue ne peut pas être l’otage d’une partie, notamment M. Kaïs Saïed lui-même », reprend Ahmed Nejib Chebbi.
Signe que l’opposition à Kaïs Saïed monte mais reste fissurée, un autre front composé d’adversaires politiques du président tunisien s’était constitué il y a un peu plus d’un mois.
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L’opposition tunisienne réagit très mal au discours du président Kaïs Saïed qui a annoncé un référendum constitutionnel et des législatives l’an prochain. Iyadh Elloumi, député du parti Qalb Tounes, deuxième formation au parlement tunisien avant sa suspension par le chef de l’État le 25 juillet dernier, craint des conséquences économiques graves à ce gel des institutions en Tunisie.
« Le coût économique est énorme. On s’attend au krach financier, problablement à une instabilité sociale puisque nous sommes un État vulnérable. (…) Les partenaires internationaux ne traiteront jamais avec un État voyou »
Tunisie-Annonces de Kaïs Saïed: «Les partenaires internationaux ne traiteront jamais avec un État voyou», prévient le député Iyadh Elloumi