Dans les montagnes de Kabylie, région la plus touchée par les feux, de nombreux villages sont encore isolés par les flammes. La situation sur place est toujours critique mais les populations s’organisent tant bien que mal.
Les villages situés sur les hauteurs de la commune d’Ait Oumalou ont presque tous été évacués depuis le début des incendies lundi 9 août. Le maire, Sofiane Mohktari, s’est organisé pour pouvoir accueillir dans les zones épargnées la centaine de familles sinistrées.
« J’ai ouvert toutes les écoles de la commune, le centre psycho-pédagogique, la salle de soins où nous avons installé des équipes qui organisent l’aide et l’assistance des personnes touchées dans la commune voisine », explique-t-il.
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Fonds spécial d’indemnisation
À quelques kilomètres de là, dans la capitale provinciale de Tizi Ouzou, les hôpitaux ont dû accueillir plusieurs centaines de blessés très rapidement. Pour s’assurer que tout le monde reçoivent les soins à temps, certains hôpitaux privés ont ouvert leurs portes gratuitement pour s’occuper des brûlés. C’est le cas de l’hôpital de Chahib Mamoudi.
« Il y avait quand même un certain nombre de nos concitoyens qui ont été pris dans les feux et ils nécessitaient des soins, confie le directeur de la structure Mohammed Triki. Donc même si nous sommes un hôpital privé, on s’est mis à disposition de ces victimes du feu. On les a reçues, soignées, hospitalisées pour ceux qui devaient l’être. »
Dans la wilaya de Tizi Ouzou, au moins 37 incendies ont été recensés ce jeudi 12 août par la protection civile, les pompiers algériens.
Le Premier ministre Aimene Benabderamane, qui était ce jeudi à Tizi Ouzou, a annoncé la création d’un fonds spécial d’indemnisation des sinistrés.
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■ Des incendies plus fréquents et plus intenses, des forêts plus fragiles
Ces feux consument plusieurs régions boisées, jusqu’à Annaba près de la frontière avec la Tunisie. Si les incendies dans le bassin méditerranéen ne sont pas des événements inhabituels, il y a de quoi s’inquiéter. Peut-on parler de phénomène naturel, pour ces incendies ? L’éclairage de l’écologiste algérien Karim Tedjani, fondateur du site internet Nouara Algérie consacré aux questions environnementales.
Ces incendies, dans une certaine mesure, peuvent s’inscrire dans un cycle des plus naturels qui sur le long terme est vraiment bénéfique pour l’écologie des éco-systèmes, notamment parce qu’ils sont régulateurs, revitalisant pour la biodiversité et puis parce qu’ils participent à aérer ces forêts naturellement très denses. Le problème c’est qu’aujourd’hui, la fréquence de ces incendies est de plus en plus régulière, récurrente et que leur intensité et donc leur impact va de manière croissante. Quelque soit l’origine, naturelle ou criminelle, le fond du problème, c’est que ces forêts ont été rendues de plus en plus fragiles, de moins en moins résilientes notamment à cause de la nature même du développement algérien. Donc les responsabilités sont autant politiques que civiles. Aujourd’hui, ce sont pas seulement les forêts qui sont menacées, mais toute la couverture végétale algérienne qui est en péril.
Karim Tedjani