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Éthiopie: des centaines de victimes de viols, esclavage sexuel et mutilations au Tigré

Les violences sexuelles au Tigré, des crimes de guerre et peut-être même des crimes contre l’humanité. C’est ce qu’avance un nouveau rapport d’Amnesty International publié ce mercredi. L’ONG assure avoir les preuves de viols sur des centaines de femmes et de filles tigréennes depuis le début du conflit, il y a neuf mois, dans cette région du nord de l’Éthiopie. 

Selon Amnesty, ces viols ont été commis par l’armée fédérale éthiopienne, les forces érythréennes venues lui prêter main forte, ainsi que des milices Amhara. Alors que le gouvernement éthiopien n’autorise que peu ou pas d’organisations de défense des droits de l’homme au Tigré, l’ONG se base sur des interviews faites avec 63 victimes dans les camps de réfugiés au Soudan voisin, ou des interviews au Tigré faites par téléphone.

Certaines rescapées ont dit avoir été violées en réunion pendant qu’elles étaient retenues prisonnières pendant des semaines, d’autres ont été violées devant des membres de leur famille et certaines disent avoir eu des objets, comme des clous, du plastique, du gravier, introduits dans leur vagin, « causant des blessures durables et peut-être irréversibles », selon Amnesty.

« Les violeurs ont fait beaucoup d’efforts pour faire en sorte qu’il y ait des conséquences à long terme. Une grande partie des femmes et des filles qui ont été violées ont été victimes de viols collectifs. Nous n’avons pas d’informations précises sur est-ce qu’ils ont reçu des ordres, mais le fait que toutes les forces agissantes dans cette région l’ont fait, et dès le début et ont continué à le faire pendant des mois nous montre que tout au moins, ils savaient qu’ils pouvaient le faire en toute impunité, ils n’avaient absolument pas peur des conséquences », développe Donatella Rovera, d’Amnesty International.

« Il est clair que le viol et la violence sexuelle ont été utilisés comme une arme de guerre pour infliger des dommages physiques et psychologiques durables sur les femmes et les filles au Tigré. Des centaines d’entre elles ont été soumises à des traitements brutaux visant à les dégrader et les déshumaniser », selon la secrétaire générale d’Amnesty, Agnès Callamard. « La gravité et l’ampleur des crimes sexuels commis sont particulièrement choquants, passibles de crimes de guerre et possiblement de crimes contre l’humanité », a-t-elle ajouté.

À ce jour au moins trois soldats condamnés pour viols et 25 autres poursuivis pour « violences sexuelles et viols ».

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