« Le président Kaïs Saïed braque les institutions », titre Libération. « Le chef de l’État tunisien s’est octroyé les pleins pouvoirs exécutifs, a fait fermer le Parlement et limogé le Premier ministre. Des députés ont entamé un sit-in et dénoncent un putsch ». Voilà le décor planté par Libé qui voit ici « un coup de force de Kaïs Saïed ». Le Figaro note lui aussi que le président a porté un vrai « coup » à Ennahdha, mais que « la mise à l’écart du parti islamiste plonge le pays dans l’inconnu ».
Kaïs Saïed présenté en « sauveur »
Cet « atypique populiste », « austère enseignant en droit » dont le discours du sauveur avait déjà séduit en 2019 et conduit à son élection surprise, rappelle Libé. Ce n’est d’ailleurs pas « surprenant » si sa décision a été « accueillie par des scènes de liesses » dans les rues du pays dimanche soir, analyse L’Humanité. Pour le journal, « un spectre hante la Tunisie » depuis la chute de Ben Ali en 2010 : c’est celui de « l’homme providentiel ». « Il faut dire que depuis dix ans, souligne L’Humanité, la promesse démocratique de la révolution n’en finit plus de sombrer dans les marécages de la corruption, des intrigues politiques et de la crise économique ». Et les « amis » de la Tunisie portent « dans cette crise sans fin une lourde responsabilité », estime le quotidien. Il se rappelle à juste titre : « Jamais on n’aura vu la couleur du « Plan Marshal » promis la main sur le cœur en 2011, au G8 de Deauville, pour appuyer la transition démocratique. Non, au contraire, déplore L’Humanité, le fardeau de la dette extérieure, qui atteint 100% du PIB accable le pays, le mettant à la merci du FMI et des bailleurs de fonds étrangers ».
Du Yémen à Calais, d’autres crises durables
Autre pays, ravagé quant à lui par « sept ans de conflit et de malheurs » et dont la situation inquiète toujours autant, le Yémen, tout simplement « menacé d’implosion ». C’est Le Figaro qui nous alerte. Le journal consacre une double page à la situation sur le terrain et constate que la « prolifération des milices aggrave le chaos ». « Face aux houthistes qui occupent le Nord, lit-on, la multiplication des groupes armés dans le Sud met en péril la coalition militaire saoudo-émiratie qui soutient le pouvoir en place ». Et on comprend que la situation n’est pas près de s’arranger en lisant le témoignage de Nizar, un soldat : « Depuis janvier je n’ai pas reçu mon salaire et on ne peut même pas me réclamer quoique ce soit, il n’y a pas d’État dans le Sud. » Le Figaro livre aussi l’interview d’Aidarous al-Zubaidi, le chef du Conseil de Transition du Sud (CST), l’une des principales organisations du Sud du pays. Il est clair, là-bas « l’indépendance reste notre objectif stratégique ».
Il y a bien d’autres crises qui durent, la crise migratoire et ses conséquences notamment à lire dans Le Monde, avec un reportage saisissant à Calais dans le Nord de la France. On y découvre « l’épuisement généralisé ». « Entre 900 et 2000 migrants sont encore présents en permanence dans des campements de fortune », malgré « les démantèlements successifs ». Or après vingt ans de crise, nous dit Le Monde, « bénévoles et habitants ne voient toujours pas d’issue ». À l’image de Martine, calaisienne de 73 ans, qui ne peut que constater la dégradation des conditions de vie sur place. « A la fin des années 1990, je trouvais que ce lieu était dur. Finalement c’était le paradis comparé à la situation actuelle », regrette-t-elle, alors que les traversées de La Manche, vers l’Angleterre, sont « en nette augmentation » depuis janvier souligne Le Monde.
Une crise mémorielle au Canada
Il est également des crises mémorielles. Comme celle que vit en ce moment le Canada, « confronté au lourd passé des pensionnats » autochtones gérés par les Églises chrétiennes. C’est La Croix qui revient aujourd’hui sur ce choc, provoqué par la découverte de plusieurs centaines de corps d’enfants. Mais aujourd’hui, apprend-on, « la parole se libère enfin parmi les autochtones traumatisés », c’est tant mieux.
L’entrisme chinois dans les facs françaises
Et puis, il y a peut-être une crise en devenir ou, en tout cas, un phénomène venu de Pékin et qui inquiète aujourd’hui Libération, qui propose un dossier passionnant sur « l’entrisme chinois dans les facs françaises ». « Alerte rouge sur tableau noir », affiche la Une du journal. Il s’agit là-aussi de changer les mentalités, avec « des partenariats alléchants » voire carrément « des pressions sur les chercheurs », alerte Libé. « Une stratégie élaborée au sommet de l’État » chinois, apprend on, et « aidée par la naïveté d’un milieu académique français peu conscient des risques ». On parle ici de « soft power » souligne Libé mais c’est « un terme trompeur », conclut le journal.