Face à la menace du variant Delta, présent dans plusieurs pays voisins, le gouvernement malgache a décidé de prolonger dimanche la fermeture des frontières. Pour beaucoup de familles malgaches qui ne correspondent pas aux critères stricts imposés par les autorités, c’est un coup dur et un déchirement.
Avec notre correspondante à Magadascar, Laure Verneau
Les frontières ont été initialement fermées le 19 mars 2020. Si quitter le pays est simple, revenir est beaucoup plus dur. Tous les quinze jours, la fermeture des frontières est prolongée. Vola, 32 ans, employée dans une ONG, n’a pas vu son conjoint français depuis un an et demi. Elle ne s’y habitue pas.
La jeune femme raconte 16 mois de séparation avec son compagnon : « C’était toujours en décalage par rapport à la situation de Madagascar. Lorsque Mada s’ouvrait un peu, la France fermait. Quand la France était ouverte, Mada fermait. Il n’y a jamais eu une possibilité d’avoir une fenêtre d’ouverture. »
Pour elle, impossible de se projeter : « Là où c’et le plus dur en fait, c’est de se dire que tu ne sais jamais quand ça va se finir. Ça aurait pu aider de se dire, je vais tenir encore jusqu’à tant de temps. Mais en fait, tu ne le sais pas encore car tu as juste aucune perspective. »
Confinement et test PCR
Les retours sur la Grande Île sont autorisés pour un seul motif : l’enterrement d’un proche sous réserve de respecter les mesures de confinement et le test PCR à l’arrivée. Quatre catégories de voyageurs (diplomates, athlètes, missionnaires d’État, experts en industrie stratégique) ont des autorisations spéciales. Pour les frères de Vola, malgaches expatriés en France, qui n’en font pas partie, le retour au pays est aussi impossible. Ils n’ont pas vu leurs parents depuis plus de deux ans.
« Mes parents sont toujours aussi dans l’attente de les voir, poursuit Vola. Ils n’ont jamais vu aussi leurs petits-enfants. Il y en a une qui est née il n’y a pas longtemps qu’ils n’ont jamais vue. Cette distance familiale, personnelle, impacte un peu la santé mentale de tout le monde ».
Un désarroi que partagent de nombreuses familles à Madagascar.
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