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La RD Congo lance ses états généraux des mines

La République démocratique du Congo organise les états généraux des mines, pilier de son économie, mais qui contrastent avec la pauvreté de la population et les maigres mobilisations financières de l’État. Patrons d’entreprises minières, société civile et autorités dressent ensemble un état des lieux des mines depuis jeudi à Kinshasa.

Avec notre correspondant à Kinshasa, 

La ministre des mines Antoinette Nsamba a ouvert les travaux de trois jours, sur un ton ferme vis-à-vis de sa propre administration. « Il n’est pas normal que les privés réussissent là où l’administration et les entreprises publiques minières échouent de manière cyclique. Ensemble, nous avons le devoir de passer de l’échec programmé à une stratégie de développement minier où le pays gagne, les investisseurs gagnent, préservent leur réputation et où les communautés se construisent au-delà des réserves minières », a-t-elle lancé.

Pour ce faire, le gouvernement devra sortir des sentiers battus, a insisté l’expert Kalaa Mpinga, invité spécial au forum. « Toutes les compagnies d’État sont en crise. On doit trouver des solutions, elles doivent être restructurées, repenser leur raison d’être même, a-t-il expliqué. Et on doit trouver qu’elles sont les voies et moyens pour soit les redémarrer, soit les restructurer ou les mettre dans un autre ensemble, sortons des sentiers battus. Pensons même à ce qui n’est pas pensable et essayons de trouver des solutions ».

►À écouter aussi : À qui profite l’industrie minière en RDC ?

Les travaux des experts et autres participants seront intenses pour un pays qui ne maîtrise pas correctement son sol et sous-sol. D’après, Kalaa Mpinga, seuls 15 % du potentiel géologique congolais est connu. Le secteur représente 20% du PIB, moins de 10% de l’emplois formel, selon les autorités.

Le secteur minier en RDC est « très conflictuel » a affirmé l’unique expert qui a pris la parole à l’ouverture des assises. « Il y a des conflits entre les grands opérateurs miniers et l’État. Ces conflits sont axés autour de la nouvelle loi minière, autour de la fiscalité. Il y a aussi un code minier qui a été adapté en 2018. Et certains acteurs refusent ou ne veulent pas jouer le jeu ou ne veulent pas y participer », selon lui.

Lutter contre le fraude minière

Les états généraux devraient évoquer la problématique de l’exploitation artisanale, source de conflits. Une thématique sur laquelle la société civile compte être très exigeante. Selon ses délégués, c’est l’impact environnemental et la lutte contre la fraude minière, qui fait perdre à l’État congolais d’énormes ressources financières. Dans un communiqué en marge de l’ouverture de ce forum, la campagne « Le Congo n’est pas à vendre » a par ailleurs appelé le Premier Ministre à commanditer un audit complet de la mise en œuvre de la convention dite « minerais contre infrastructures » conclue en 2008-2009 entre le Groupement d’Entreprises Chinoises et l’État congolais. Un contrat léonin, selon les organisations de la société civile.

La RDC, qui avait besoin des liquidités après ses premières élections démocratiques depuis l’indépendance, avait accordé une exemption fiscale quasi-totale – soi-disant pour rembourser plus rapidement les prêts octroyés. La Campagne le « Congo n’est pas vendre » qui regroupe plusieurs organisations anti-corruption, constate que seul un tiers des trois milliards de dollars initialement prévus ont été reçus par le pays. Les infrastructures fournies en contre-partie étaient surfacturées, selon le communiqué. Le président Félix Tshisekedi, issu de l’opposition a exprimé depuis, en mai dernier, son intention de renégocier lesdits contrats miniers, conclus sous son prédécesseur Joseph Kabila ; une révision promise, au nom des Congolais qui « croupissent toujours dans la misère ».

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