Malangu Kabedi Mbuyi a été nommée lundi par le président Félix Tshisekedi en remplacement de Deogratias Mutombo. La nouvelle patronne a du pain sur la planche alors que les dirigeants sortants sont soupçonnés par les plusieurs ONG anticorruption d’avoir conduit la banque à des pratiques frauduleuses.
Avec notre correspondant à Kinshasa, Pascal Mulegwa
Objectif primordial, le renforcement de la crédibilité de la Banque centrale du Congo (BCC) vis-à-vis de ses partenaires, redorer le blason. La Banque était au cœur de plusieurs scandales financiers, épinglée par exemple, pour ne pas jouer son rôle de régulateur du secteur bancaire dans le cadre des détournements des fonds du programme des 100 jours du président Félix Tshisekedi ou sur le blanchiment présumé de millions de dollars à Afriland First Bank.
Elle était même accusée d’avoir directement versé des dizaines de millions à Egal, une société réputée proche de l’ancien président Joseph Kabila. L’épisode le plus récent qui a défrayé la chronique, c’est la mise à disposition des cartes de crédit à d’anciens dignitaires. Elles permettaient de retirer des fonds directement sur le compte général du Trésor public, selon l’Inspection générale des finances (IGF).
Le respect des textes
En tout cas, pour l’ONG congolaise l’Observatoire pour la dépense publique, la nouvelle patronne est attendue sur le respect des textes. « Il faut que la nouvelle patronne puisse assainir les finances publiques au niveau de la Banque centrale, prévient Valery Madianga, le chargé de communication de l’Observatoire pour la dépense publique. C’est là où il y a hémorragie. Toutes les recettes publiques sont très mal gérées, que la nouvelle patronne puisse être très regardant, respecter des textes. Il y aussi la question des décaissements frauduleux, non-respect du circuit de la dépense publique. Des comptables continuent d’effectuer des retraits des millions de dollars en liquide à la BCC pour ensuite faire des opérations hors circuit bancaire, c’est étonnant. Nous avons de bons textes, le problème, c’est dans l’application. La nouvelle gouverneure devra tout mettre en œuvre, elle n’a pas droit à l’erreur. »
Malangu Kabedi Mbuyi va devoir aussi remettre de l’ordre dans le secteur bancaire. À cause de blanchiment des capitaux supposé dans la plupart des grandes banques, la RDC risque de perdre sa capacité de faire des transactions en dollars, c’est l’un des plus grands risques dans un pays où l’économie est non seulement extravertie, mais presque entièrement dollarisée. Autre défi qui risque de l’opposer aux projets politiques, elle devra préserver les réserves de change trop souvent utilisées pour des dépenses ordinaires ou comme en 2019, pour des projets d’infrastructures.
L’arrivée de cette nouvelle figure devrait en tout cas permettre de concrétiser les discussions entre le FMI et Kinshasa avec la signature d’un programme triennal dans les tous prochains jours.