L’Afrique du Sud et le Royaume-Uni ont critiqué jeudi 1er juillet la violente répression des manifestations contre la monarchie en Eswatini, le gouvernement de ce petit pays d’Afrique australe accusant des « éléments étrangers » et des « terroristes » de semer le trouble.
La dernière monarchie absolue d’Afrique, anciennement appelée Swaziland, est secouée depuis quelques semaines par des heurts entre policiers et manifestants. Plusieurs personnes ont été tuées et des dizaines de blessés, selon les militants pro-démocratie.
La protestation, qui couvait depuis des semaines, est montée en puissance lundi. Ces derniers jours, des centaines de jeunes en colère ont pillé et brûlé des magasins. « Ces actes ne sont pas le fait d’Eswatiniens, mais de terroristes et de voyous », a argué à la radio nationale le Premier ministre, demandant aux habitants du pays de « ne pas se laisser duper par des éléments étrangers ».
L’accès à internet est limité depuis mardi. Le gouvernement a instauré un couvre-feu et déployé l’armée, officiellement « pour protéger les infrastructures nationales sensibles et faire appliquer les mesures contre le Covid », a déclaré dans un communiqué le Premier ministre, Themba Masuku.
Jeudi à Mbabane, les commerces et les banques étaient fermés, les stations-service à court d’essence, selon un correspondant de l’AFP. Des files de personnes tentant de se réapprovisionner s’allongeaient devant les supermarchés. Dans la journée, quelques coups de feu ont retenti.
L’armée qui a été déployée dans les rues est en train de patrouiller. Les soldats vont de maison en maison. Ils ne cherchent même plus ceux qui manifestent dans la rue. Ils s’en prennent aux jeunes directement à leur domicile. Ils cherchent tous ceux qui ont entre 15 ans et 30 ans, les sortent hors de chez eux et les battent. Les moins chanceux se font tirer dessus et sont laissés blessés dans la rue.
Lucky Lukhele, porte-parole du Swaziland Solidarity Network
Réactions internationales
L’Afrique du Sud, puissance régionale dont dépend ce pays enclavé pour son approvisionnement, a exhorté « les forces de sécurité à faire preuve d’une retenue totale et à préserver les vies et les biens ». Le ministre britannique pour l’Afrique, James Duddridge, a déclaré sur Twitter que « l’escalade de la violence, y compris les pillages, est profondément préoccupante ».
The UK is following developments in Eswatini closely. The right to peaceful protest and freedom of speech is vital in any society.
The escalation in violence, including looting, is deeply concerning. We call on all parties to engage constructively and restore calm.
— James Duddridge MP (@JamesDuddridge) July 1, 2021
La veille, les États-Unis ont demandé aux autorités de « faire preuve de retenue ».
Selon des militants pro-démocratie en début de semaine, au moins huit personnes ont été tuées et des dizaines blessées lors d’affrontements avec la police. Mais le bilan pourrait être plus élevé, selon le secrétaire général du Front démocratique uni du Swaziland (SUDF), Wandile Dludlu, « plus de quarante cadavres ont été déposés dans plusieurs morgues », a-t-il déclaré à l’AFP.
Le gouvernement n’a « pas encore reçu de rapport officiel sur les décès présumés », mais une enquête sera menée, a assuré le Premier ministre.
(avec AFP)