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À la Une: la contre-offensive des rebelles tigréens en Éthiopie

Le quotidien Addis Standard le confirme : les TDF, les Forces de défense du Tigré, ont repris la ville de Mekele lundi, sous les cris de joie et les chants des habitants. Un peu plus tôt, précise le quotidien éthiopien, l’administration provisoire de la province avait vu sa demande de cessez-le-feu acceptée par le gouvernement fédéral. Un cessez-le-feu unilatéral, officiellement décrété pour permettre aux agriculteurs de la région de démarrer leur saison de récolte et permettre le bon acheminement de l’aide humanitaire.

Renversement spectaculaire

En fait, pointe Le Monde Afrique, on vient d’assister « dans cette région du nord de l’Éthiopie, en guerre depuis novembre dernier, à un spectaculaire renversement de situation militaire. Un tournant qui a forcé le gouvernement éthiopien à décréter un cessez-le-feu. […] Après sept mois d’éreintantes batailles, les TDF ont [donc] repris Mekele et son aéroport sans combat, ou presque. La ville de 500 000 habitants, centre névralgique de la région et base de nombreuses organisations humanitaires, s’est retrouvée orpheline d’un gouvernement pendant quelques heures. Les deux divisions de l’armée éthiopienne stationnées en ville ont battu en retraite, utilisant parfois même des voitures de particuliers pour prendre la fuite. L’administration provisoire du Tigré, structure politique mise en place par Addis-Abeba, a, elle aussi, fait ses valises à la hâte pour rejoindre la capitale éthiopienne. »

Vers une sécession du Tigré…

Il s’agit donc, commente Le Monde Afrique, d’un « camouflet pour les autorités éthiopiennes, qui rassuraient encore, ces dernières semaines, sur la bonne tenue de cette simple « opération de maintien de l’ordre » au Tigré. »

Du coup, s’interroge Le Monde Afrique, « les rebelles tigréens vont-ils continuer le combat maintenant qu’ils se trouvent en position de force ? » Il semble que oui, au vu du communiqué publié par le nouveau gouvernement autoproclamé État national du Tigré, qui avance désormais l’idée d’une sécession.

… ou bien vers une plus grande autonomie ?

Pour Le Pays au Burkina Faso, « une chose est certaine : les deux camps ont eu le temps de se mesurer et de comprendre qu’aucune partie ne peut remporter une victoire totale sur l’autre. La seule option qui vaille est donc de fumer le calumet de la paix. […] Et ce qui est véritablement en jeu, pointe le quotidien ouagalais, c’est le mode d’organisation et de fonctionnement de l’État éthiopien. Un État qui, pour rappel, est une fédération. Les États fédérés aspirent aujourd’hui à plus d’autonomie et l’exécutif central, qui constitue l’un des pouvoirs les plus policiers sur le continent africain, doit savoir lâcher du lest pour répondre à cette soif de liberté des entités régionales. Cela est d’autant plus nécessaire, insiste Le Pays, que les besoins de l’exécutif central entrent parfois en conflit d’intérêts avec ceux des communautés ethniques régionales, provoquant des manifestations parfois réprimées dans le sang. Mieux vaut prévenir que guérir, conclut Le Pays. Il faut donc travailler à devancer les prochaines rébellions que l’exemple tigréen pourrait susciter. »

Afrique du Sud : Zuma condamné

À la Une également, Jacob Zuma condamné à 15 mois de prison. L’ancien président sud-africain a été condamné pour « outrage à la justice » par la Cour constitutionnelle. Il avait refusé de comparaître devant la commission Zondo, chargée d’enquêter sur la corruption généralisée pendant ses neuf années au pouvoir. « Jacob Zuma est loin d’en avoir fini avec la justice, s’exclame Jeune Afrique. Entre accusations de corruption et soupçons de conflit d’intérêt, l’ex-chef de l’État sud-africain accumule les procédures judiciaires. Acculé par une myriade de scandales qui ont fini par lui coûter son poste de président, début 2018, Jacob Zuma était jusque-là parvenu à échapper à la justice. » En effet, « depuis 20 ans, il était devenu maître dans l’art de jouer au chat et à la souris avec la justice sud-africaine. Sa stratégie ? La « défense de Stalingrad » : à savoir, retarder les procédures par tous les moyens possibles pour éviter d’avoir à comparaître, s’opposer à tous les arguments du plaignant et faire appel de toute décision qui lui est défavorable. »

Et le portail d’information sud-africain Mail & Guardian se félicite de cette première étape judiciaire : « Enfin, après deux décennies de dénégations et d’évasions constantes, Jacob Zuma devra non seulement répondre aux nombreuses allégations graves de corruption et de fraude, mais aussi rendre compte pour son rôle dans la corruption généralisée dans laquelle les entreprises d’État ont été impliquées alors qu’il était président. »

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