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SÉCURITÉ

Éthiopie: L’armée fédérale accusée d’avoir bombardé un village près de Mekele

Un bombardement aérien dans la province du Nord de l’Éthiopie aurait fait des dizaines de morts et de blessés mardi 22 juin. La région est en proie au conflit sanglant entre le pouvoir fédéral, aidé par l’armée érythréenne, et l’ancien pouvoir du Tigré transformé désormais en groupe armé. La guerre y a fait des milliers de morts.

Avec notre correspondant à Nairobi, Sébastien Németh

Mardi le village de Togoga, à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Mekele, la capitale régionale, aurait été touché par une ou plusieurs bombes. Le bilan toujours incertain serait lourd. L’armée fédérale éthiopienne a reconnu que les bombardements aériens faisaient partie de ses tactiques militaires. Mais elle a farouchement nié être à l’origine de l’attaque Togoga.

Les forces fédérales empêchent le passage des secours

Pourtant, ce sont bien ses soldats qui, selon de multiples sources, continuent d’empêcher les secours d’arriver sur place. Depuis mardi, des ambulances ont tenté à plusieurs reprises de se rendre sur le site du drame. Sans succès, « Nous tentons d’arriver par tous les moyens. Mais les militaires accusent les victimes d’être des rebelles, et ils nous soupçonnent de soutenir le TPLF », a confié un médecin de l’hôpital de Mekele. Le plus grand établissement de soin du Tigré a dépêché huit véhicules d’urgence, mais seuls deux ont pu franchir les barrières. « haque heure compte. C’est une situation inacceptable et absurde, alors que les victimes sont de simples civils », a indiqué une source médicale.

Certains témoins ont décrit des soldats tirant sur au moins une ambulance. Un enfant serait mort dans un véhicule de secours alors qu’il était bloqué depuis des heures par un barrage des ENDF.

La situation est d’autant plus compliquée qu’une grande partie des hôpitaux ont été gravement impactés par la guerre. Selon les experts, 70 % des centres de santé du Tigré ont été pillés, 30 % endommagés. Seuls 16% seraient fonctionnels. Les moyens sont donc très limités et les victimes doivent être transportées sur de longues distances pour être prises en charge.

L’Union européenne s’est dite, mercredi soir, extrêmement préoccupée par ce bombardement parlant d’une attaque s’ajoutant « aux violations horribles des droits de l’Homme combinées aux sérieuses allégations d’utilisation de la famine et des violences sexuelles comme armes de guerre ». L’Union européenne condamne les attaques délibérées contre les civils. La protection de l’intégrité du territoire éthiopien ne peut pas servir de justification à ces actes. Les actions seront discutées au prochain sommet des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne en juillet.

►À lire aussi : Reportage Afrique –  Conflit du Tigré: retour sur le massacre d’Aksoum [3/5]

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