Le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU a ouvert sa session annuelle lundi 21 juin, avec notamment l’examen de la situation en Érythrée. Le nouveau rapporteur spécial des Nations unies, le Soudanais Mohamed Abdesalam Babiker, a présenté son premier rapport annuel sur le pays, accablant pour Asmara.
C’est tous les ans dans un langage plutôt diplomatique que l’affrontement a lieu entre l’Érythrée et le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, et cette fois n’a pas fait exception.
Néanmoins, comme ses deux prédécesseurs, le rapporteur spécial a dressé un tableau effroyable de la situation pour les Érythréens : des prisons pleines d’innocents, ignorant même pourquoi ils sont détenus, des disparus, des « conditions inhumaines », pas d’État de droit. Son bref rapport a notamment reçu le soutien de l’Union européenne et des États-Unis, du Royaume-Uni, des pays nordiques et baltes…
En guise de riposte, l’ambassadeur érythréen Tesfamichael Gerhatu a lu pendant cinq minutes le point de vue d’Asmara : un texte virulent, disant de toutes les « allégations » du rapporteur spécial étaient « inacceptables », et que les témoignages sur les viols, les pillages, les kidnappings, les assassinats commis par les forces érythréennes dans le Tigré, en Éthiopie, étaient des fake news au service de la rébellion tigréenne. Il a exigé que la discussion se borne à n’évoquer que la situation intérieure de l’Érythrée et a parallèlement vanté son bilan sur la gestion de la pandémie de Covid-19.
Quant à lui, il a reçu le soutien de quelques pays traditionnellement opposés à la fonction même des rapporteurs spéciaux : Corée du Nord, Venezuela et, cette fois, l’Éthiopie. Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme mène en ce moment une enquête conjointe avec la Commission éthiopienne des droits de l’Homme dans le Tigré. La Haut-Commissaire Michelle Bachelet a indiqué lundi qu’elle espérait « que ce travail sera achevé en août ».