Le parti présidentiel a été battu aux élections législatives du 1er juin. Une avancée démocratique saluée jusqu’en Europe.
Les « partenaires internationaux » du Somaliland n’ont rien à redire aux élections législatives du 1er juin. Dans un communiqué publié mardi, les pays européens et le Royaume-Uni félicitent simplement Hargeisa pour le « succès » de son processus électoral, « son fort engagement » en faveur du « renforcement de la démocratie », ses efforts envers l’égalité de genre, la promotion des jeunes et « des groupes marginalisés ».
Séquence rare
Il est vrai qu’une telle séquence est rare dans la Corne de l’Afrique. Rappelons qu’en Somalie, les désaccords sur le scrutin présidentiel ont poussé le pays au bord de la guerre civile une fois de plus, au printemps dernier.
Au Somaliland en revanche, c’est d’abord un dialogue politique patient qui a permis de trouver un accord sur les commissions électorales, disputées depuis quinze ans, ce qui avait plusieurs fois reporté le vote. Ensuite, le scrutin lui-même a été juste et équitable, selon les observateurs. Et dimanche soir, les résultats sont tombés : le principal parti d’opposition, Wadani, est en mesure de former une majorité avec un autre parti d’opposition, l’UCID, afin de diriger le Parlement et de réduire la marge de manœuvre du président Muse Bihi, jusqu’à l’élection présidentielle de fin 2022.
Rendre hommage au chef de l’État
Pour l’analyste Rashid Abdi, de Sahan Research, il faut malgré tout rendre hommage au chef de l’État « pour avoir ouvertement résisté à toute tentative de son parti d’utiliser sa fonction pour tricher, dit-il. Pour cela, nous avons une grande dette envers lui. »
Cette « cohabitation » est une nouvelle occasion pour cet État auto-proclamé en 1991, et non reconnu officiellement, de vanter son sérieux dans la pratique de la démocratie, et alors même que la Somalie est empêtrée dans une crise politique difficile à dénouer.