Un agent de l’Éducation nationale a été relevé de ses fonctions après une polémique sur un sujet de bac blanc autour de l’homosexualité. Des élèves de terminale de l’Académie de Rufisque, près de Dakar, ont planché la semaine dernière sur un texte de l’écrivain américain Armistead Maupin, lui-même militant des droits LGBT. Le choix de ce sujet a fait polémique, dans un pays où l’homosexualité est réprimée. Des défenseurs des droits des homosexuels s’inquiètent d’une progression de l’homophobie.
Avec notre correspondante à Dakar, Charlotte Idrac
Il avait présenté des « excuses ». Dans une vidéo, l’agent du Centre régional de formation des enseignants à Rufisque a expliqué avoir transmis le sujet « par mégarde ».
Dans ce texte sous forme de lettre, le narrateur, Michael, révèle son homosexualité à sa mère. Parmi les questions de l’épreuve d’anglais proposée aux futurs bacheliers : « êtes-vous pour ou contre l’exclusion sociale des homosexuels au Sénégal ? »
L’affaire a provoqué un tollé. Des responsables religieux, syndicaux, des parents d’élèves ont dénoncé une « tentative de promotion de l’homosexualité à l’école ». L’épreuve a été retirée. Le ministère de l’Education a donc pris des sanctions, en rappelant : « les programmes (…) demeurent scrupuleusement adossés à nos valeurs et croyances ».
Une polémique qui intervient après une mobilisation le 23 mai dernier pour réclamer la « criminalisation » de l’homosexualité au Sénégal, où la loi prévoit des peines allant jusqu’à 5 ans de prison pour « acte impudique ou contre nature avec un individu de même sexe ».
Dans ce contexte, le collectif de défense des droits des homosexuels baptisé « Free Sénégal » dénonce des discours de « haine » et une montée des agressions à l’encontre des personnes LGBT. « Des verrous démocratiques ont sauté » s’indigne le mouvement, qui déplore le silence des organisations de la société civile.