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Nigeria: les mannequins noir(e)s ont désormais la cote

À Lagos, Elizabeth Elohor est à la tête de la plus grande agence de mannequins du continent. Depuis quelques années, les grands noms de la mode et les agences internationales se tournent vers elle pour recruter des mannequins africains, de plus en plus demandés dans le milieu de la mode.

De notre correspondante à Lagos,

Une quinzaine de jeunes filles à peine sorties de l’adolescence marchent d’un pas hésitant sur leurs talons hauts. Toutes aspirent à devenir top-modèles et viennent d’intégrer l’agence Beth Model Management, dirigée par Elizabeth Elohor.

Cette ancienne reine de beauté a lancé son entreprise en 2004, mais les débuts ont été difficiles : « Les agences à l’étranger limitaient le nombre de mannequins noires qu’elles pouvaient recruter. Elles en prenaient un ou deux, maximum. C’était vraiment difficile de placer un mannequin noir à l’international et ça a pris vraiment du temps de lancer mon agence. Mais il y a eu un changement de mentalité, ces cinq dernières années. »

Un secteur qui s’est structuré au fil du temps

Mais depuis quelques années, le secteur de la mode s’est structuré en Afrique. Les fashion weeks organisées sur le continent donnent non seulement de la visibilité aux créateurs émergents, mais aussi aux jeunes mannequins de plus en plus sollicités.

► À écouter aussi : Sénégal: la slow fashion à la fashion week

« Je pense aussi qu’à un moment donné, les grandes marques ont aussi réalisé que leurs clients étaient, eux aussi, noirs. Mais je pense qu’ils l’ont compris parce que le secteur de la mode se développait en Afrique. Et parce que toutes ces fashion weeks africaines sont maintenant reconnues à l’international. »

Cinquante-et-un mannequins nigérians découverts par Beth Model Agency sont désormais signés à l’étranger. Avec de vraies success stories, comme celle de la très demandée Mayowa Nicholas, qui a notamment défilé pour la marque de lingerie Victoria Secrets.

« Le mannequinat a complètement changé ma vie »

Dans les locaux de l’agence, on rencontre aussi Olaniyan Olamijuwon. À seulement 21 ans, il a défilé pour les plus grands créateurs à Paris et Milan. « Après avoir signé un contrat avec Beth Model Management en 2018, j’ai participé au concours Elite Model Look, qui permet aux mannequins du continent d’être repérés à l’international. Après ça, des agences implantées en Europe ont commencé à m’approcher. Le mannequinat a juste complètement changé ma vie. Maintenant, c’est moi qui soutiens financièrement ma famille. Ça a rendu ma vie plus facile. »

Ces derniers mois, la crise sanitaire a compliqué les choses pour les mannequins africains qui ne peuvent plus voyager. Marius Isikalu est l’un des collaborateurs de Beth Model Management.

« Nous avions des mannequins qui devaient participer à des défilés, nous avions des mannequins qui étaient au Nigeria juste pour renouveler leurs visas avant de repartir à Paris ou à Milan. Mais nous avons été obligés d’annuler énormément de choses à cause du confinement. Et l’un de nos plus grands défis aujourd’hui, c’est de s’assurer que les agences internationales ne se séparent pas de nos modèles, car beaucoup de gens dépendent d’eux. »

Le vaste marché nigérian offre aussi de nombreux débouchés pour les aspirants mannequins.

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