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Au Tigré, les agriculteurs sont les premières victimes d’un conflit qui dure

Le conflit dure depuis plus de sept mois au Tigré, dans le nord de l’Éthiopie. L’armée fédérale épaulée par des soldats érythréens combattent l’ancien pouvoir du TPLF. La situation humanitaire est désastreuse avec 4,5 millions de personnes en insécurité alimentaire et la famine menace alors que la période des plantations approche. Partout au Tigré, les agriculteurs doivent labourer pour pouvoir planter avant les pluies de juillet.

Avec notre envoyé spécial à Mekelle, Sébastien Németh

Dans son champ, Haleka Solomon pousse, encourage et fouette ses bœufs pour qu’ils tirent la charrue plus vite. La peur au ventre, l’agriculteur travaille d’arrache-pied en espérant récolter en octobre.

« Les Érythréens ont mangé mes vaches. Des tanks ont écrasé toutes mes cultures. Les militaires sont venus trois fois m’accuser d’être du TPLF et me tabasser. Alors quand j’en vois passer, je m’assois et j’attends. Je suis terrorisé, mais je ne m’enfuis pas sinon ils pourraient croire que je suis un rebelle. »

Dans de nombreuses régions du Tigré, des fermiers ont été tués, leur matériel cassé, leur bétail mangé ou volé.

Pour survivre coûte que coûte, Gebre Gebremeskel a lui aussi décidé de labourer. « Des soldats éthiopiens ont tué plusieurs animaux et volé mon lit. Mais au moins je suis vivant et les vaches épargnées pourraient me sauver la vie. De toutes façons sans récolte, on meurt. Donc je dois planter, sinon que vont manger mes enfants ? »

Des tonnes de nourriture, des graines, des outils ont été distribués mais l’aide reste insuffisante. Des dizaines de personnes sont déjà mortes de faim. Kassanet est venu à l’hôpital d’Adigrat pour faire soigner son bébé mal-nourri.

« Certains fermiers du village soutiennent les rebelles. Les Érythréens leur ont ordonné de ne pas planter. On aura donc une récolte très faible. Pratiquement personne n’est aux champs en ce moment. »

Pour les experts, il faut absolument un arrêt immédiat du conflit et restaurer le secteur agricole au plus vite pour éviter un désastre dans les prochains mois.


Les élections législatives officiellement repoussées à fin juin

Avec notre correspondant à Addis-Abeba, Noé Hochet-Bodin

Initialement prévues le 5 juin, le vote aura lieu deux semaines plus tard, le 21. Un retard que la commission électorale éthiopienne attribue à des problèmes logistiques et à la situation sécuritaire dans le pays. En effet, certaines parties du territoire seront privées de vote le 21 juin. Et malgré un report de plus de deux semaines, de nombreux électeurs ne pourront pas voter le jour de l’élection le 21 juin prochain. C’est le scénario soulevé par la commission électorale éthiopienne.

En effet, dans les régions Amhara, Oromia, Benishangul-Gumuz, Afar et Somali, certaines circonscriptions ont connu des retards trop importants en ce qui concerne l’inscription des électeurs. Des retards notamment dus à la situation sécuritaire, de plus en plus volatile en Éthiopie. La commission n’a pas pu préciser le nombre exact de ces circonscriptions.

Reste que ce constat soulève plusieurs questions. Le calme sera-t-il revenu dans ces zones avant la tenue d’un éventuel scrutin ? La saison des pluies, prévue de juin à août, pourrait-elle perturber, elle aussi, la tenue des élections ? Enfin, les résultats du reste du pays seront-ils publiés avant les circonscriptions retardataires ?

Un casse-tête de plus pour la commission électorale, qui a déjà dû revoir toute la logistique entourant l’élection, notamment la question des transports.

Précédemment, c’est l’armée éthiopienne qui s’en chargeait. Mais aujourd’hui, les militaires sont déployés aux quatre coins du pays et la commission électorale est obligée de demander aux provinces de mobiliser leurs propres transports.

Ce report ne concerne pas la province du Tigré, en proie à la guerre depuis plus de six mois, qui est d’ores et déjà exclue du vote…

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