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Les domestiques éthiopiennes se reconstruisent après leur expulsion du Liban

À Addis-Abeba, les vols de rapatriement se succèdent ces derniers mois en provenance du Moyen-Orient. La majorité concerne les travailleuses domestiques éthiopiennes en provenance du Liban, chassées du pays par la crise du coronavirus. Souvent victimes d’abus et d’agressions au Liban, elles reçoivent une attention particulière. 

Réunies en cercle pour suivre une séance de thérapie de groupe, une vingtaine de jeunes femmes suivent les paroles et le rythme d’Eden Ayele, la psychologue de l’association Agar qui vient en aide aux rapatriées. « Lorsqu’elles sont au Moyen-Orient, elles font face à différentes formes d’abus. Abus psychologique, abus sexuels et violences physiques. »

Dans le foyer d’Agar, elles suivent des ateliers de réinsertion professionnelle, de musicothérapie et surtout un important soutien psychologique, absolument nécessaire selon Eden Ayele. « En particulier, lorsqu’elles sont victimes d’agressions sexuelles, elles perdent leur dignité. On peut observer un sentiment de culpabilité, un sentiment désespoir. Et parfois elles se demandent si leur vie vaut la peine d’être vécue. »

Des femmes maltraitées, et finalement jetées à la rue par leurs employeurs libanais l’an dernier. Alors qu’elles étaient parties à Beyrouth pleines d’espoir, elles se sont souvent retrouvées prisonnières de leur condition, comme Wekitu Nata, 30 ans. « Ma maîtresse de maison était très puissante, bien plus forte que moi, je ne pouvais pas lui tenir tête. Parfois elle décidait de ne pas me payer. Je n’ai pas touché mes cinq derniers mois de salaire. Mais la pire chose qu’elle ait fait, c’est de me priver d’eau potable pendant six mois. »

Wekitu n’était pas seulement victime de son employeur, mais aussi prise au piège de son statut de sans-papiers. « Le principal problème au Liban c’est que pendant trois ans je n’avais pas de papiers, pas de passeports, pas d’argent. Je n’étais pas libre. Je ne pouvais pas travailler légalement et j’étais bloquée, sans possibilité de rentrer chez moi. » Comme des dizaines de milliers d’autres, elle n’a pas hésité à regagner la capitale éthiopienne Addis Abeba il y a quelques mois.

Plus de 60 000 femmes sont depuis revenues du Liban vers l’Éthiopie. Un rythme difficile à suivre pour des associations de soutiens comme Agar, assure le responsable des programmes Fishesa Melese. « Personnellement, je suis très surpris par leur nombre. Je ne m’attendais pas à un nombre aussi élevé de rapatriement. À cause du confinement, elles ont perdu leur travail. La crise économique au Liban les a aussi forcées à rentrer en Éthiopie. »

Agar a accueilli plus de 900 rapatriées l’an dernier. Et devrait quasiment doubler le nombre de bénéficiaires en 2021.

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