En RDC, l’Inspection générale des finances (IGF) a transmis à la justice son rapport sur la gestion du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo. À l’origine, ce projet pilote qui s’étend sur 80 000 hectares à 220 km avait pour but de contribuer à l’autosuffisance alimentaire et de contribuer à la réduction de la pauvreté et à l’accroissement de la productivité agricole. Sept ans après son inauguration par Joseph Kabila, président de la République de l’époque, le projet est non seulement considéré comme un échec mais aussi comme une vaste affaire de détournements.
L’enquête de l’IGF a duré vingt jours. Elle révèle que 285 millions de dollars, au total, ont été décaissés par le gouvernement. De cette somme, au moins 205 millions ont été perdus dans ce projet dont l’échec aurait été planifié dès sa conception, d’après l’Inspection générale des finances (IGF).
Les inspecteurs notent, dans ce rapport bouclé en 2020, que parmi les causes de la débâcle, il y a le choix des partenaires qui seraient, d’après leur analyse, non expérimentés.
Au moment de la signature du contrat de gestion avec l’Etat congolais, la holding sud-africaine Africom, chargée de la gestion du projet, n’avait que trois ans d’existence. Bien plus, selon les enquêteurs, ce recrutement d’Africom s’est déroulé en violation de la procédure de passation des marchés publics. Il s’est opéré de gré à gré et sans l’autorisation de la direction générale de contrôle des marchés publics.
Selon l’IGF, avec le décaissement de l’Etat, ce projet aurait pu s’autofinancer à partir de la deuxième année mais il a été plombé notamment, ajoutent-ils, par des cas de détournements et de surfacturation ainsi que par l’opacité dans la gestion.
Pour l’IGF, l’auteur intellectuel de cet échec, c’est l’ancien Premier ministre. Les proches de Matata Ponyo rétorquent : « Cette accusation ne repose sur aucun fondement juridique. S’il est vrai qu’il a impulsé le projet, il n’en est point l’opérateur ».
Ils ajoutent aussi que les paiements, en provenance du Trésor public, ne sont jamais opérés par la primature mais par le ministère des Finances. Ils soutiennent que la vraie débâcle de Bukanga Lonzo est intervenue après le départ de Matata Ponyo Mapon de la primature, en décembre 2016.