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État de siège en RDC: d’anciens rebelles nommés gouverneurs militaires

En République démocratique du Congo, c’est la veille de l’instauration d’un état de siège dans les provinces meurtries du Nord Kivu et de l’Ituri. Cet état de siège vise à mettre fin aux massacres qui endeuillent ces populations depuis plus de 20 ans. Et pour parvenir, le président Tshisekedi a décidé de transférer les pouvoirs des autorités civiles à des autorités militaires pour un mois, y compris dans le domaine de la justice. Des gouverneurs militaires et vice-gouverneurs policiers ont été nommés mardi 4 mai. Parmi eux d’anciens rebelles.

Avec notre envoyée spéciale à Kinshasa, Sonia Rolley

En Ituri, le président Félix Tshisekedi a choisi de nommer le général Constant Ndima. Il était jusque-là le chef d’état-major général adjoint chargé de l’administration et de la logistique. Il a été commandant de la 3e zone de défense qui couvre les deux Kivu, le Maniema et la Tshopo. Mais c’est un ancien rebelle du MLC de Jean-Pierre Bemba, cité dans un rapport d’enquête de l’ONU comme le patron de l’opération appelée « Effacer le tableau » en Ituri. Des combattants dont ceux du MLC avaient été accusés d’avoir massacré et violé des Nandés et des Pygmées, suspectés d’être proches d’une autre rébellion. C’était entre 2002 et 2003. On parlait même d’actes de cannibalisme. Il n’y a encore ni réaction de la présidence, ni du gouvernement.

« Effacer le tableau »

Le MLC dément la participation du général Ndima dans une quelconque exaction en Ituri, il n’était pas sur place. L’ancienne rébellion devenue parti politique rappelle avoir tenu un procès sur l’opération « Effacer le tableau » à Gbadolite en février 2003. Constant Ndima ne faisait pas partie des 19 condamnés.

Son vice-gouverneur, le commissaire divisionnaire, Romy Ekuka Lipopo, était l’un des patrons de la police judiciaire à Kinshasa, il a également coordonné le groupe technique chargé de la sécurisation du dernier processus électoral.

Du côté du Nord-Kivu, le gouverneur militaire nommé, est le général Luboya Nkashama, l’ancien patron de la première zone de défense, qui inclut entre autres Kinshasa. Il a été également le commandant de la 13e région militaire de l’Équateur. C’est un ancien de la rébellion du RCD Goma, considéré comme proche du Rwanda. Le RCD Goma avait un temps administré cette province, ce qui est d’ores et déjà pointé par certaines organisations de la société civile. Le général Luboya Nkashama est, comme prévu, secondé par un officier de police. Le commissaire divisionnaire Benjamin Alonga Boni est un ancien du MLC, il était l’adjoint du général Numbi pendant l’assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana, il avait témoigné au procès comme simple renseignant, c’est l’un des derniers officiers à avoir quitté l’inspection générale de la police le jour de l’assassinat.

En 2011, il avait dit à la cour avoir vu en partant des policiers cagoulés du bataillon Simba, l’unité accusée d’avoir commis ce double assassinat, explique un avocat des parties civiles. Cela lui avait valu des ennuis avec le général Numbi, renchérit l’un des policiers qui a témoigné sur RFI.

À lire aussi : En RDC, le président Tshisekedi pose les contours de l’état de siège en Ituri et au Nord-Kivu

État de siège en RDC : les noms des gouverneurs militaires dévoilés

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