Le fondateur du magazine Jeune Afrique, Béchir Ben Yahmed s’est éteint, ce lundi 3 mai au matin, à Paris à l’âge de 93 ans. Il était hospitalisé depuis fin mars, après avoir contracté le Covid-19. Franco-tunisien, Béchir Ben Yahmed avait fondé le magazine qui allait devenir « JA » en 1960, année de nombreuses indépendances africaines.
Béchir Ben Yahmed nait à Djerba en 1928, dans une Tunisie sous protectorat français. Fils de commerçant, il milite pour l’indépendance aux côtés de Habib Bourguiba dont il sera un temps secrétaire d’État à l’Information alors qu’il n’a que 28 ans.
Il créé déjà son premier magazine : L’Action, en 1956. Il quitte le gouvernement puis fonde Afrique Action, en 1960, rebaptisé plus tard, Jeune Afrique. Béchir Ben Yahmed part alors pour Rome, s’installe ensuite à Paris où se trouvent toujours aujourd’hui les locaux de « JA ». Il rêve alors d’en faire le média de référence sur le continent, ce qui est aujourd’hui le cas : il est le premier magazine francophone en Afrique en terme de diffusion. Plusieurs futures grandes plumes du journalisme comme Frantz Fanon et l’académicien et prix Goncourt Amin Maalouf ont écrit pour le journal qu’il a installé à Paris.
Journaliste et éditorialiste anti-colonialiste, Béchir Ben Yahmed a rencontré Nasser, Che Guevara, Lumumba, Ben Barka, et interviewé Ho Chi Min. Patron de presse décrit comme très exigeant et résiliant, il affronte les tempêtes. Interdictions de parution, difficultés économiques… Au fil des ans, autour du journal, un groupe se constitue : maison d’édition, site internet, événementiel et même agence de voyages.
À la fin des années 2000, Béchir Ben Yahmed passe le relais à ses fils, Amir et Marwane, ainsi qu’au directeur actuel de la rédaction, François Soudan qui décrit Béchir Ben Yahmed comme l’ADN de « JA » et un grand témoin de la période post coloniale.
Le groupe Jeune Afrique prévoit de publier, dans les prochains mois, les mémoires de Béchir Ben Yahmed.