Pour aider les exportateurs à faire face à de nouveaux frais bancaires liés au « différentiel de revenu décent » (DRD) le Conseil café-cacao a donc rétrocédé une partie de cette somme aux exportateurs, ce qui correspond à 10 milliards de francs CFA (16 millions d’euros). Le DRD, qui représente 400 dollars par tonne de fèves, est instauré depuis l’année dernière et a rapporté 510 milliards de francs CFA (plus de 777 millions d’euros).
Avec notre correspondant à Abidjan, François Hume-Ferkatadji
La nouvelle avait créé la polémique chez les producteurs de cacao durement touchés par une saison catastrophique en raison de la chute de la demande liée à la surproduction, à la crise sanitaire, et à une stratégie de contournement de la part des industriels. Fin avril, la presse ivoirienne annonçait que le Conseil café-cacao avait versé 20 milliards de francs CFA (32 millions d’euros) de dédommagements aux multinationales et exportateurs de cacao.
Yves Koné, le directeur général de l’organisme, dément ce chiffre et parle de 10,5 milliards de francs CFA. Il s’explique aussi au sujet de ce versement : selon lui, les exportateurs doivent désormais emprunter plus auprès des banques après l’instauration du « différentiel de revenu décent » (DRD), ce qui entraîne des surcoûts.
Il estime que « chacun doit faire sa part de sacrifice » : « Les exportateurs de Côte d’Ivoire vont voir les banques. La banque leur donne de l’argent pour payer le différentiel : 516 milliards. Qui d’entre vous ici est allé à la banque et a trouvé un taux d’intérêt de 2%. Les taux d’intérêt ici sont de 7% et même au-delà. »
Le Conseil café-cacao a rendu aux exportateurs l’équivalent de cinq francs par kilo pour la campagne principale et quatre francs par kilo pour la campagne intermédiaire. Selon Yves Koné, ces entreprises réclamaient 13 francs par kilo.
Toutefois, de nombreuses ONG, comme le collectif commerce équitable France, estiment le Conseil café-cacao se soumet aux volontés des industriels, sans jamais répondre aux besoins des planteurs. Ces derniers ont été incapables de vendre leurs fèves de cacao au prix minimum garanti par l’État lors de la grande campagne.
« Si nous ne voulons pas travailler dans l’intérêt des planteurs, quelle est notre raison d’être ? », a répondu Yves Koné lors d’une conférence de presse au siège du Conseil café-cacao.