Au Sénégal, les autorités sanitaires doivent faire face au scepticisme d’une partie de la population. Depuis le début de la campagne, fin février, elles ont d’abord administré le vaccin chinois Sinopharm, puis les doses d’AstraZeneca fournies dans le cadre de l’initiative mondiale Covax. Mais malgré la facilité d’accès, il n’y a pas foule dans les centres de vaccination.
De notre correspondante à Dakar,
Abdou* Diakhaté, 47 ans, pianote sur son téléphone. Sur les réseaux sociaux, il voit passer toutes sortes de messages ou vidéos concernant le vaccin. « Les gens ont tendance à en parler négativement. Parfois on publie des vidéos où l’on dit que le vaccin n’est pas bon, parce que si tu te fais vacciner, tu vas tomber malade ou bien tu vas avoir d’autres effets secondaires. C’est peut-être des montages ou quelque chose comme ça… », dit-il, dubitatif.
De fausses informations qui brouillent le message, estime son voisin Pape Diome. « Les réseaux sociaux disent à chaque fois des choses qui sont contradictoires. Un coup c’est bon, un coup ce n’est pas bon… C’est la communication qu’il manque », regrette-t-il.
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Utilité limitée de certains vaccins face aux variants
Les autorités sanitaires multiplient pourtant les appels à aller se faire vacciner. Mais Dieudonné Kandéti, lui, reste méfiant depuis la suspension temporaire du vaccin AstraZeneca par plusieurs pays européens le mois dernier. « Je n’ai pas confiance quant au vaccin AstraZeneca. Je ne dis pas que ce n’est pas bon, mais j’hésite. Pour les autres, je suis partant », concède-t-il.
Cette étudiante de 20 ans n’ira pas se faire vacciner : elle pointe l’utilité limitée de certains vaccins face aux variants. « On entend souvent des rumeurs que ce n’est pas tellement efficace. Ça ne me convient pas. »
Sensibiliser encore et encore
À la méfiance s’ajoutent des raisons religieuses. Même si plusieurs responsables musulmans soulignent que la vaccination est compatible avec le jeûne du ramadan. Toutes sortes d’arguments auxquels les soignants tentent de faire face.
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Pour Ndèye Ndack Diallo, responsable de la vaccination au centre de santé de Ngor, il faut sensibiliser encore et encore. « J’avais attrapé le Covid-19 c’est pour cela que je fais de la sensibilisation. Il faut impliquer tout le monde. Le rôle communautaire est important : les badiénou gokh (marraines de quartier), les délégués de quartiers, et les imams aussi. On implique tout le monde, ça va venir, inch’Allah », espère Ndèye Ndack Diallo.
« J’avais peur… »
Fatou Mbodj Ndiaye vient justement de se faire vacciner. D’abord réticente, elle a finalement changé d’avis. « Au début, je ne voulais pas me vacciner. On entendait que le vaccin n’était pas bon pour notre santé, qu’on ne pouvait plus tomber enceinte. J’avais peur », avoue-t-elle. Puis elle ajoute : « J’ai parlé à un ami de mon mari. C’était un médecin qui est pharmacien maintenant. Il m’a convaincu et rassuré. Il vaut mieux prévenir que guérir, car le Covid-19 tue vite. »
Face au scepticisme, des responsables sanitaires – sous couvert d’anonymat —, disent craindre « la perte conséquente de doses du vaccin ».
* Le prénom a été modifié