En Afrique du Sud, l’augmentation des attaques armées de véhicules fait progresser le marché des voitures blindées. Un grand constructeur automobile américain s’est même associé à une entreprise de blindage pour proposer à ses clients des modèles sécurisés. Romain Chanson a visité le garage de cette entreprise au nord de Pretoria, la capitale sud-africaine où ces véhicules sont blindés.
De notre correspondant,
Un AK-47 dans les mains, le directeur de l’entreprise tire sur une plaque en métal. Le patron de SVI veut démontrer la résistance de ses matériaux à un client. Le client, c’est Bradford Wood, un employé dans une compagnie de sécurité. Récemment, l’un de ses collègues a été la cible d’une attaque.
« L’un des véhicules a reçu 42 balles d’AK-47, ici à Pretoria, raconte Bradford Wood. Ils s’en sont pris à un pick-up qui transportait des téléphones portables et du matériel électronique. Vous savez, ici, en Afrique du Sud c’est comme un terrain de guerre, des gens se font tuer juste pour leur téléphone portable. Ils vous braquent et vous tirent dessus pour voler la voiture. »
La police sud-africaine a dénombré 18 000 braquages de voitures en 2020. Une hausse de 70% en 10 ans. Comptez environ 20 000 euros pour un blindage léger et discret sur un pick-up, en plus du prix de la voiture. Malgré des tarifs très élevés, le marché est en hausse.
« Si vous avez les moyens de vous payer le blindage, pourquoi ne pas s’offrir un degré supplémentaire de sécurité ? s‘interroge Nicol Louw, responsable des ventes. Pour des personnalités, des businessmen. Si vous devez faire des allers-retours à la banque pour déposer de l’argent, vous avez besoin d’un véhicule blindé. Donc, oui, on remarque une hausse des ventes des véhicules au blindage discret pour les particuliers, mais le vrai boom vient du marché de la sécurité privée. »
Nicol Louw nous emmène faire un tour avec une voiture allemande de 2018 propulsée au diesel. Un blindage léger et discret a été ajouté. « La voiture est très maniable parce qu’avec ce blindage on ajoute seulement 250 kg, explique-t-il. C’est facile à conduire, vous remarquez aussi que c’est très silencieux parce que le blindage sert aussi d’isolant aux bruits de l’extérieur. »
L’entreprise SVI n’est pas la seule à fabriquer des voitures blindées en Afrique du Sud, mais l’offre est encore restreinte. Plus pour longtemps, prévoit Jaco De Kock, le patron de SVI : « On exporte au Mozambique, en Tanzanie, en Zambie, au Zimbabwe, à peu près tous les pays d’Afrique australe. Ce business reste une niche, mais je pense que l’Afrique peut faire de grandes choses et à l’avenir on risque d’avoir de la concurrence sur le continent. »
SVI a déjà produit plus de 2 500 véhicules blindés. Tant que les statistiques de la délinquance seront en hausse, le marché sera florissant.