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JUSTICE

Gbagbo et Blé Goudé acquittés: réactions en Côte d’Ivoire

Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé ont été définitivement acquittés. La Cour d’appel de la CPI a rendu sa décision ce mercredi 31 mars après-midi à La Haye. Une nouvelle qui était très attendue par les militants et sympathisants du FPI, le parti de Gbagbo, et qui a provoqué des scènes de liesse en Côte d’Ivoire.

quartier Selmer de Yopougon où s’est rendu notre correspondant Sidy Yansané, le maquis Tantie Margot s’est changé en mini-salle de cinéma pour la diffusion en direct de l’audience de la CPI. Au fur et à mesure que le juge rejette les moyens d’appel de l’accusation, les cris de joie s’intensifient.

Puis arrive l’apothéose quand l’acquittement définitif de l’ancien président Laurent Gbagbo et son ministre Charles Blé Goudé est confirmé. La centaine de militants présents exulte. « On est plus que content, on déborde de joie, on est heureuses. C’est fini ! On a gagné ! »

Je suis tellement émue, les mots me manquent. Nous disons merci à Dieu et nous prions pour que le président Laurent Gbagbo rentre tranquillement dans son pays

A Yopougon, les sympathisants de Laurent Gbagbo fêtent la décision de la CPI

Vêtu d’un ensemble à l’effigie de Laurent Gbagbo, la voix de ce militant est à moitié cassée par l’émotion : « Aujourd’hui, pour moi, c’est une journée de folie. Voilà la libération qu’on attendait depuis une décennie, Dieu merci c’est arrivé. C’est la libération de l’Afrique entière, à partir de Laurent Gbagbo, de la Côte d’Ivoire en particulier. On doit décréter cette journée, journée de joie ! »

Il ne reste plus qu’une étape pour une victoire totale : le retour au pays des ex-accusés Gbagbo et Blé Goudé.

Le « retour d’un homme de paix »

Au sein de la classe politique, Georges Armand Ouégnin, président de la plateforme Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS), estime que le retour de l’ancien chef d’État en Côte d’Ivoire est nécessaire à la réconciliation et les autorités actuelles n’ont aucun intérêt à empêcher son retour.

« Laurent Gbagbo est un citoyen ivoirien libre, il doit et il va rentrer chez lui avec, je pense, le concours du pouvoir. Je crois qu’il n’a aucun intérêt à empêcher ce retour. C’est un Ivoirien qui rentre et je pense que le pouvoir actuel devrait pouvoir s’approprier ce retour. C’est un ancien président ivoirien qui rentre chez lui, il doit être accueilli avec tous les honneurs dus à son rang. J’ose espérer et je ne pense pas qu’il y aura de problème, car les Ivoiriens ont besoin de réconciliation et de paix. Et nous allons faire en sorte de faire comprendre que c’est un homme de paix qui rentre et que c’est en tant que tel qu’il doit être accueilli en Côte d’Ivoire. »

Déception des victimes de la crise politique

Mais du côté des associations de victimes des violences, c’est en revanche l’inquiétude qui prévaut. Il s’agit d’une décision « inique » pour Issiaka Diaby, président du Collectif des victimes de crises en Côte d’Ivoire, qui ne cache pas sa déception. Pour lui la justice n’a pas été rendue aux victimes.

« Une victime qui n’a pas obtenu justice et réparation est potentiellement prédisposée à la vengeance. Comment fait-on pour soustraire, dans le cœur des victimes, cette prédisposition à vouloir se venger ou à poser des actes de justice sur le terrain ? C’est ça notre préoccupation. Au départ, la CPI avait commencé à inquiéter des auteurs de crime.  Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, la Cour pénale internationale ne fait plus peur à personne. Les uns et les autres estiment que c’est un géant aux pieds d’argile, inefficace. »

Un sentiment partagé par Karim Koulibaly, l’une des victimes de la répression attribuée à l’ancien président ivoirien. La décision de la CPI vient de briser son dernier espoir de se voir indemnisé.

« Notre espoir, c’était que la CPI, une instance internationale, donne au moins une satisfaction aux victimes de la Côte d’Ivoire. Donc finalement, nous, les victimes, nous ne comprenons plus rien. Et quand je parle d’un avenir hypothéqué, moi je suis une victime de la crise, j’ai été mutilé et amputé de la jambe gauche, et aujourd’hui j’ai une famille, des bouches à nourrir et je n’arrive plus à joindre les deux bouts. Il y en a plusieurs parmi nous, d’autres sont paraplégiques ou mutilés, ces personnes sont dans des situations difficiles et ils ne sont pas assisté par le gouvernement en place. Voilà pourquoi je parle d’un avenir hypothéqué. »

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