La province du Tigré est en guerre depuis début novembre. Plus de trois millions d'individus sont en besoin d’assistance et victimes de graves violations des droits de l’homme. Le Premier ministre Abiy Ahmed est resté silencieux depuis plus de trois mois. Il a fini par reconnaître en partie la catastrophe humanitaire engendrée par son intervention, mais n’en endosse pas la responsabilité.
Fin novembre, le message d’Abiy Ahmed tenait en deux points. La guerre est finie et n’a fait aucune victime civile, rappelle notre correspondant à Addis-Abeba, Noé Hochet-Bodin. Aujourd’hui sous pression, son discours a changé : « Les soldats qui ont commis des atrocités et violé nos sœurs tigréennes seront jugés pour leurs actes. Nous avons demandé aux soldats de combattre le parti du TPLF, pas les populations civiles. »
Autre concession, et pas des moindres, Abiy Ahmed reconnaît la présence de son allié, l’armée érythréenne, qui est entrée au Tigré en plaidant la légitime défense selon lui. « L’Érythrée est intervenue au Tigré, car elle craignait pour sa sécurité nationale. Nous combattions le TPLF dans le centre de la province et ils avaient peur qu’ils s’attaquent à eux le long de la frontière. »