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RDC: la pollution au quartier Somika de Lubumbashi

À Lubumbashi, en République démocratique du Congo (RDC), des centaines d’habitants de la commune annexe, dans la périphérie de la ville, dénoncent les activités minières de la société minière du Katanga Somika. En 2005, la même entreprise avait déjà été accusée par plusieurs ONG de pollution de la nappe phréatique de Kimilolo où est installée une station de la société de distribution d’eau potable.

En vain, la pollution de la nappe aquifère se poursuit avec la pollution des cultures et celle de l’air. Pour accompagner les victimes dans leurs revendications, l’ONG Groupe d’action non-violence évangélique (GANVE) a publié récemment un rapport sur ces cas de pollution et compte déposer une plainte collective contre l’entreprise. La société minière du Katanga Somika produit de l’acide sulfurique, du cuivre et du cobalt.

Henock vit dans le quartier Somika. Une partie de sa maison, située à une dizaine de mètres de l’usine, s’est écroulée il y a un mois. Il n’en reste que le petit salon dont la toiture est soutenue par des planches. Résultat, il a trouvé refuge chez des voisins. Il témoigne : « Ici c’est chez moi. J’avais construit ma maison, depuis un moment les murs s’écroulent. Ce sont les effets de l’acide qui provient de l’entreprise Somika. Même le sol est fissuré, voyez. C’est impossible de vivre là ! »

« Nous inhalons un gaz qui pique dans le nez »

Les fissures du sol sont parfois de cinq centimètres et s’étendent sur près de 800 mètres dans certains endroits de la zone : un danger permanent pour les habitants. Autre problème, la qualité de l’eau des puits. Elle a un goût amer, une odeur de chaux et provoque des éruptions cutanées. Assise devant sa maison, son bébé dans les bras, Christelle se dit préoccupée. « Regardez nos enfants, ils souffrent, dit-elle. Ils ont des boutons partout sur leurs corps. Nous devons tout le temps les amener à l’hôpital. Nous sommes devenus comme des esclaves des hôpitaux, ayez pitié de nous. »

Plus à l’est, à quelque 600 mètres de l’usine de Somika, se trouve l’école primaire Saint-Fortunat. Une centaine d’élèves y sont scolarisés. Mais ils sont de moins en moins nombreux à s’y rendre car l’air est suffoquant. « Nous inhalons un gaz qui pique dans le nez », nous dit Faustin Tshamala, le responsable de l’école qui n’en peut plus. En 2018, il a saisi la justice. Sans suites, jusque-là. « Les responsables de l’entreprise s’en fichent, ils ne se sont jamais présentés devant la cour. Nous souffrons, mais on ne sait à quel saint se vouer » se plaint Faustin Tshamala.

Alerté par l’ONG GANVE, le gouvernement provincial du Haut-Katanga affirme avoir pris quelques mesures. « Nous avons demandé que nos équipes prélèvent ces eaux et prélèvent aussi quelques échantillons de terre pour des analyses, affirme Gislain Kyenge , ministre provincial des Mines. Et il y a une autre équipe qui est en train de voir comment capter les émanations qui pollueraient l’air. Dès que les résultats seront sortis, nous allons inviter Somika pour qu’ensemble nous puissions voir comment contrer cette pollution et préserver la vie des populations. » Du côté de la Somika, un cadre ayant requis l’anonymat assure que l’entreprise minière fait des efforts pour réduire les effets de la pollution.

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