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Covid-19: à Madagascar, le durcissement des mesures sanitaires complique les rites funéraires

Face au relâchement de la population quant aux gestes barrières et devant la recrudescence de l’épidémie sur tout le territoire, plus particulièrement au centre et au nord du pays, la gendarmerie nationale vient d’annoncer la reprise d’anciennes dispositions décidées par les ministères de l’Intérieur et de la Santé. En clair, distanciation sociale, sanctions en cas de non port du masque, et surtout, obligation d’enterrer les morts du Covid ou suspectés d’être morts du covid, sur leur lieu de décès. Un coup dur pour la population malgache, très attachée aux rites funéraires et à l’inhumation du proche dans le tombeau familial.

avec notre correspondante à Antanarivo, Sarah Tétaud

« Nous allons bientôt entrer dans la période hivernale. De fermes sanctions seront appliquées à l’encontre des personnes qui bafouent les mesures barrières » prévient, dans un communiqué, la Gendarmerie Nationale.

Alors que les cas augmentent un peu partout dans l’île, un vent d’insouciance semble souffler sur la population.

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Dans la rue, Faly, la trentaine, ne porte pas de masque, comme beaucoup d’autres passants. S’il se fait arrêter, il encourt des travaux d’intérêt général. « Moi personnellement, je me fous des gestes barrières. Parce que je suis sûr que la maladie ne m’affectera pas car ici, à Madagascar, tout ce que nous consommons, c’est naturel, c’est bio, et ça nous protège ! Ça me saoule vraiment qu’il y ait un durcissement des restrictions, parce que moi je n’ai pas peur de la maladie. »

Mais pour Tiana, comme pour beaucoup de Malgaches, le plus dur dans ces mesures sanitaires, c’est le sort réservé aux morts du Covid-19. Rappel étrange et désagréable, nous dit-elle, des règles instaurées durant les épidémies de peste sur l’île. « Le corps des gens qui meurent, pour les Malgaches, c’est sacré. S’il y a un mort du Covid qui n’est pas enterré dans le tombeau familial, ça devient une âme perdue, pour nous. Nous interdire d’enterrer nos morts, c’est difficile pour nous. Mais il faut qu’on l’accepte, parce que si le virus est encore présent sur le corps du mort, ça pourrait contaminer encore les gens vivants. Et ce sera catastrophique pour les gens encore vivants ! »

Une étude menée en Allemagne par des médecins légistes d’Hambourg et publiée dans la revue spécialisée Emerging Infectious diseases, vient de montrer que le virus reste actif encore 35h après le décès. Il semblerait donc y avoir un risque de transmission de la maladie même après la mort. Raison pour laquelle les autorités malgaches viennent de rehausser les mesures.

Le gouvernement rappelle que pour pouvoir effectuer le transfert d’un défunt entre son lieu de décès et son tombeau, la famille doit être en possession de certificats de décès obtenus auprès du Bureau municipal d’Hygiène, ainsi que de l’autorisation d’inhumer délivrée par la commune. Sans ces documents en règle, aucun convoi funéraire ne pourra circuler.

Toutefois, « vus les impacts négatifs que le premier confinement a causé sur l’économie, l’Etat fait le nécessaire pour éviter le reconfinement » a annoncé le ministre de la Santé.

Dans la foulée de ces annonces, le député et opposant Roland Ratsiraka, s’est exprimé pour déplorer le fait que le gouvernement refuse toujours de recevoir des dons de vaccin. « Une situation regrettable », selon lui, qui montre que « la santé publique n’est pas la priorité du gouvernement ».

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