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Cameroun: Maximilienne Ngo Mbe reçoit le Prix international du courage féminin

La Camerounaise Maximilienne Ngo Mbe a reçu lundi le Prix international du courage féminin 2021 décerné par le département d’État américain à l’occasion de la Journée internationale des femmes. Elle est la directrice du Réseau des défenseurs des droits de l’homme de l’Afrique centrale et a notamment dénoncé les violations commises dans le conflit opposant le gouvernement camerounais aux séparatistes anglophones. Entretien.

RFI : Quelles sont vos réactions après ce prix décerné par Washington ?

Maximilienne Ngo Mbe : Pour tous les défenseurs qui ont été assassinés ou qui croupissent dans les prisons… C’est une fierté pour nous. Je pense que c’est tout un symbole. C’est aussi quelque chose que l’on a voulu dire aux gouvernements de nos pays en particulier et de l’Afrique centrale, en général, que ce sont les défenseurs qui sont du bon côté. Je leur dédie ce prix et je leur dis : n’abandonnons jamais.

Mais en même temps, j’ai peur. Parce que je sais que ce n’est pas facile d’avoir ce genre de lourdes responsabilités, en sachant que vous n’avez pas beaucoup de marge de manœuvre, pour faire plus que ce que vous avez à faire. Le Cameroun traverse des moments très difficiles. Nous essayons, autant que faire se peut, de faire que la paix revienne dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Ce prix est un message également pour les autorités ?

Je pense que le message est clair. Le monde entier est fatigué de cette guerre, qui n’honore pas le Cameroun. C’est une guerre fratricide. Et le message est clair, pour dire au gouvernement : ce n’est pas la peine de camoufler des violences. Il vaut mieux les dénoncer, pour rendre justice aux victimes.

Le message va aussi aux séparatistes qui m’écoutent et qui comprennent que c’est aussi pour eux ce message, pour dire : rendez justice aux victimes, aux victimes de tous bords.

Vous vous souvenez du rapport d’Human Rights Watch sur les viols massifs ? Le gouvernement nous a muselés au point que c’est une ONG internationale qui n’est pas sur le terrain qui est obligée de prendre nos informations parce que nous avons peur des représailles. Je pense que nous allons reprendre notre courage en main pour que nous traitions de la question anglophone ici au Cameroun et qu’elle soit résolue avec toutes les parties prenantes.

Et vous pensez que ce message sera entendu par ceux qui commettent ces exactions ?

Je pense que cela va changer beaucoup de choses parce que c’est quand même Washington. Et ce ne sont pas des gens qui donnent des prix pour plaisanter. C’est quand même des prix qui disent : « Attention, nous avons l’œil et nous savons que ce n’est pas comme ça que les choses doivent se passer ».

Est-ce que ça vous donne des ailes pour continuer votre travail et votre lutte ?

Avec ou sans, nous avons un slogan : « N’abandonnons jamais ». Comme on a poussé beaucoup de nos défenseurs à l’exil, j’ai décidé de ne pas partir depuis longtemps d’ailleurs. Je me suis séparée de mes enfants très jeunes qui sont aujourd’hui en France, donc j’ai décidé de rester au Cameroun. Je ne partirais pas avant que justice soit rendue pour tout le monde équitablement.

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