Le gouvernement du Rwanda a admis, le 26 février, avoir « facilité » le voyage vers Kigali – où il a été arrêté – de Paul Rusesabagina, le héros du film Hôtel Rwanda. Le ministre de la Justice ajoute même, dans une interview à Al Jazeera, que les autorités auraient financé cette opération qui s’est déroulée, en août dernier.
C’est la première fois que le gouvernement admet avoir payé le voyage, contre son gré, de Paul Rusesabagina vers Kigali. Jusqu’ici, les explications laissaient planer le doute. Le président Kagamé avait affirmé, lors d’une conférence de presse, que l’homme avait été piégé mais sans en dire beaucoup plus. Ce sont désormais les conditions de ce piège qui s’éclaircissent.
Le ministre de la Justice admet que son pays a facilité le voyage, qu’il a aidé l’homme qui a ramené Paul Rusesabagina sur le sol rwandais – il s’agit en l’occurrence d’un pasteur d’origine burundaise – « mais la légalité a été respectée », assure le ministre pour qui « attirer des gens vers des endroits où ils peuvent être jugés arrive fréquemment ».
Quant à l’argent déboursé dans cette affaire, à qui a-t-il bénéficié ? Là encore, les choses restent floues. À la compagnie aérienne, sans nul doute, mais on ne sait pas s’il y a d’autres bénéficiaires. Ces révélations devraient conforter, dans leurs convictions, les avocats et la famille de l’accusé qui, dès le début de l’affaire, ont évoqué un kidnapping.
Paul Rusesabagina, héros pour certains, imposteur pour d’autres, est aujourd’hui visé par neuf chefs d’accusation dont celui de terrorisme pour les attaques d’un groupe armé, en 2018.
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