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Filière ananas en Guinée: les producteurs pénalisés par la fermeture des frontières (2/3)

En Guinée, l’exportation d’ananas est encore modeste en raison de l’état des routes et de l’absence de moyen de conservation. Les marchés desservis sont essentiellement les voisins, sénégalais, gambiens et bissau-guinéens. Or, depuis la fermeture des frontières guinéennes, en novembre dernier, les producteurs sont pénalisés.

De notre envoyé spécial à Kindia,

Au siège de la Fédération des planteurs, l’unique espace de stockage est consacré aux intrants. Des sacs d’engrais dont la livraison a permis d’augmenter la production s’empilent jusqu’au plafond. Les fruits frais sont immédiatement exportés ; soit par avion soit par la route, en fonction de leur niveau de maturité. « Compte tenu de l’état de nos routes, il y a trop de chocs et le fruit risque d’arriver dégradé », constate Moussa Camara, président de la Fédération des planteurs.

Pour exporter par bateau des quantités plus importantes, il faudrait pouvoir conserver l’ananas. Mais malgré tous les projets de coopération et de soutien à la filière, la Fédération n’a toujours pas d’espace réfrigéré. « Si on veut de grands volumes et partir à l’export par voie maritime, il nous faut des infrastructures pour le conditionnement et le stockage », souligne Moussa Camara.

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Une organisation de la filière ananas à repenser

L’une des raisons : le manque d’organisation de la filière, éclatée en une multitude de petits producteurs qui ont du mal à s’entendre. Les propriétaires de grandes surfaces préférant faire cavalier seul. Les producteurs en subissent les conséquences depuis la fermeture des frontières en septembre dernier.

Perdant l’accès au Sénégal, leur principal marché, des tonnes de fruits leur restent sur les bras. « Les fruits qui sont récoltés, même de bonne qualité, doivent être vendus sur un marché. Or le marché ici n’existait pas. Donc, il y a eu des pertes à tous les niveaux », déclare le président de la Fédération des planteurs.

Le marché local guinéen ne suffit pas

Des pertes estimées à 13 % de la production, jusqu’à 2 500 euros par hectare, selon la Fédération. En Guinée, le prix de l’ananas est divisé par deux, car le marché local ne suffit pas à absorber la production. Résultat : des ananas à n’en plus finir, bradés sur le marché de Friguiagbè.

« Quand ça circule normalement, tu peux vite écouler tes fruits, et faire ton petit bénéfice », dit Mamasta Camara, vendeuse. « Mais depuis la fermeture des frontières, le marché est saturé. Avec l’abondance on casse les prix et on vend parfois à perte, mais nos fournisseurs attendent qu’on les rembourse ! », ajoute-t-elle.

Des fruits plein les bras, les vendeuses se ruent vers les véhicules qui ralentissent aux abords du marché. Mais la plupart des clients préfèrent attendre d’être à Conakry où l’ananas trop mûr et prêt à être jeté se négocie encore moins cher.

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