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Le trafiquant d’êtres humains Kidane Zekarias s’échappe de son procès en tenue de civil

Le trafiquant d’êtres humains Kidane Zekarias s’est évadé jeudi dernier du tribunal fédéral d’Addis Abeba. Alors qu’il était aux toilettes, ce chef de réseau d’origine érythréenne a simplement échangé sa tenue de prisonnier contre des vêtements civils qu’un complice lui avait laissés. Et il est sorti par la porte, sans alerter personne. Un coup dur pour les défenseurs des migrants que cet homme, arrêté en février 2020 après des années de traque, avait réduits en esclavage en Libye.

C’est un homme chauve, raide, qui comparaissait régulièrement devant le tribunal fédéral d’Addis-Abeba. Mais Kidane Zekarias n’était pas traité comme un prisonnier à risque. Du coup, son évasion n’a pas étonné la journaliste érythréenne et militante du droit des réfugiés Meron Estefanos : « Kidane avait déjà tenté d’acheter sa liberté. D’ailleurs le premier avocat qu’il avait employé avait essayé d’acheter le silence des témoins : il a été arrêté. Puis ça a été le tour d’un chanteur éthiopien célèbre d’essayer de corrompre ses victimes : lui aussi a été arrêté. Alors à l’évidence, cette dernière tentative a tout simplement été la bonne. »

Kidane Zekarias est à la tête d’un très important et très riche réseau criminel actif notamment à Ben Walid, l’épicentre de la traite des migrants africains en Libye. La crainte de Meron Estefanos est que son évasion décourage les victimes de témoigner. « Dans les affaires de Kidane ou Walid Goïtom, un autre trafiquant notoire en prison en Éthiopie, des milliers de leurs victimes se trouvent en Europe. Il leur est difficile de venir témoigner en Éthiopie. Et du coup avec son évasion la confiance dans le système judiciaire éthiopien est encore plus affaiblie. Les victimes vont penser que c’est juste une perte de temps. S’ils étaient jugés en Europe, d’accord. Mais là, en Éthiopie, ils savaient bien qu’il allait finir par acheter sa liberté. »

Selon elle, Kidane Zekarias a différents passeports, émirati, érythréen et éthiopien notamment. Son argent se trouverait à Dubaï, qui n’a pas d’accord d’extradition pour le menacer. Sa seule porte de sortie hors d’Éthiopie, conclut-elle, passe donc par le Kenya.

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