Au large des côtes marocaines, sur l’archipel espagnol des Canaries, les arrivées de migrants clandestins sont en forte hausse depuis l’année dernière. Selon le ministère de l’Intérieur espagnol, entre 2019 et 2020, le nombre d’arrivées a été multiplié par dix pour atteindre à 23 000 personnes. La route de l’ouest de la Méditerranée n’avait plus été aussi pratiquée depuis plus de nombreuses années alors comment expliquer que cette route soit de nouveau empruntée par les candidats à l’exil ?
Depuis le mois d’octobre dernier, les arrivées se comptent en milliers sur les îles Canaries. Le pic a été atteint en décembre avec un pic de plus de 8 000 arrivées et la dynamique enclenchée en 2020 se poursuit en ce début d’année 2021. En janvier, par rapport à la même période l’année passée, trois fois plus de migrants ont débarqué par bateau sur les côtes espagnoles.
Sur place, la situation est tendue. Les migrants sont bloqués et restent parfois des mois dans les camps ou des centres d’accueil débordés, sans pouvoir gagner la métropole espagnole. Selon certains observateurs, le gouvernement refuse de faire venir les migrants arrivés aux Canaries car il craint de créer un effet d’aubaine.
Changement dans les nationalités accueillies
Il y a quinze ans, lors de la précédente crise migratoire, les migrants embarquaient principalement des côtes mauritanienne ou sénégalaise, avec une population en majorité subsaharienne. Aujourd’hui, les embarcations quittent pour la plupart le port de Dakhla au Sahara-occidental, et l’organe de protection des frontières européen Frontex observe un changement dans les nationalités accueillies. Sur les trois derniers mois de l’année 2020, plus de 9 000 arrivants étaient marocains.
Pour poursuivre l’analyse sur les raisons de l’augmentation soudaine d’arrivées de migrants, notamment marocains, sur les îles Canaries, le journaliste espagnol Ignacio Cembrero, correspondant du quotidien El Pais au Maroc pendant plusieurs années et aujourd’hui collaborateur avec la revue Orient XXI, était l’invité d’Afrique Soir au micro de Victor Mauriat.
On peut se poser la question : pourquoi dans un territoire aussi bien contrôlé que le Sahara-occidental, puisque les deux tiers de l’armée marocaine y sont déployées, ce phénomène se produit à partir de ce territoire ?
Nouvelles arrivées de migrants aux Canaries: l’analyse du journaliste espagnol Ignacio Cembrero