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SÉCURITÉ

Crise en Casamance: le désarroi des paysans bissau-guinéens

Les principales bases du front sud du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) sont tombées suite aux bombardements intenses de l’armée sénégalaise. Sur le terrain, des centaines d’hectares d’anarcadiers et de sésame appartenant à des paysans bissau-guinéens sont partis en fumée. Ces paysans vivent depuis le début des hostilités entre la peur et à l’inquiétude.

Avec notre envoyé spécial à la frontière entre la Guinée-Bissau et le Sénégal, Allen Yéro Embalo

Brenglom, une bourgade frontalière, abrite environ 500 âmes, des paysans vivant de la culture de sésame après les récoltes de noix d’anarcades. Antonio vit dans ce village. Son champ est situé à quelques mètres seulement de la frontière non loin d’un cantonnement rebelle, une cible potentielle alors pour l’artillerie sénégalaise qui tente depuis plusieurs jours de déloger de leurs bases les indépendantistes casamançais.

La zone est dévastée par les bombes incendiaires, tous les arbres ont été brûlés par les flammes. « J’ai bien nettoyé mon champ pour éviter les feux de brousse. Voilà qu’une bombe tombe au milieu des anarcadiers et tout a brûlé. Regarde-moi, je ne dors plus à cause des soucis. Car moi et toute ma famille ne comptons que sur ce champ. Il est vrai que mon champ se trouve proche de la frontière tout près du cantonnement des rebelles, mais il est en territoire bissau-guinéen. Aujourd’hui j’ai même peur d’y aller à cause des bombardements ».

Ne sachant à quel saint se vouer, Miloca Mendes, la quarantaine, n’a que ses yeux pour pleurer. « Cette année est une année de souffrance pour nous. Tous nos champs sont brûlés. Quand les Sénégalais ne retrouvent pas les rebelles, ils mettent le feu à la forêt et ça fait un feu de brousse partout qui détruit nos champs. Mon champ produit annuellement plus de 4 tonnes de cajou. Tout est parti en fumée. Quand je pense à cela mes larmes coulent ».

Selon un officier de l’armée bissau-guinéenne posté à la frontière avec le Sénégal, une soixantaine d’obus ont été tirés samedi à partir des positions de l’armée sénégalaise. Certaines roquettes ayant raté leur cible ont terminé leur course dans les champs d’anarcadiers des paysans bissau-guinéens.

La présence de l’armée bissau-guinéenne déployée sur les lieux rassure certes les paysans qui vivent encore entre la peur et l’inquiétude mais ne saurait apporter de réponse à ceux ont perdu leurs champs d’anarcadiers et de sésame.

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