C’est un de ces paradoxes dont les marchés financiers ont le secret, dans un contexte économique déprimé par la pandémie mondiale, plusieurs grands indices boursiers mondiaux ont atteint des niveaux record en 2020, la Bourse de New York a gagné plus de 30%, mais le marché qui détient le record toutes catégories est africain. La Bourse de Lagos a bondi de plus de 50%. Comment expliquer cette performance nigériane ?
La Bourse de Lagos est, en fait, devenue un refuge pour les investisseurs qui ont dû composer avec les mesures prises au cours de l’année passée par le gouvernement nigérian face au Covid-19. Confinement et fermeture des frontières ont également concerné l’argent, il a donc fallu faire des placements financiers locaux.
Et les grandes sociétés cotées se sont finalement montrées attractives, en tout cas beaucoup plus que les titres d’emprunt émis par l’État, victimes de leur succès initial et de l’inflation qui ont fait baisser les rendements.
C’est ce que confirme à nos confrères nigérians de TVC News, le courtier et analyste Rotimi Fakayejo : « Je crois qu’avec les effets cumulatifs du covid-19 et du confinement les grandes entreprises s’en sont fantastiquement sorties et elles ont été capables de maintenir leur rentabilité, c’est en soi un soutien à l’investissement. D’un autre côté, il n’y avait rien à faire sur le marché monétaire, ou sur le marché obligataire, puisque les rendements que l’on pouvait espérer, n’étaient plus là. Donc le seul moyen sûr par lequel les investisseurs pouvaient placer leur argent à ce moment-là, c’était le marché actions. »
Année très particulière
Sur fond de forte inflation, mais aussi d’investisseurs étrangers absents, les actions sont devenues plus accessibles et plus attractives. Mais attention cette performance de la Bourse de Lagos est intervenue dans une année très particulière, et ne reflète pas les problèmes de l’économie nigériane. Elle souffre notamment d’un problème de confiance.
« Je pense que l’incohérence affecte notre économie, poursuit le courtier. Nous n’avons jamais vraiment eu de cadre politique cohérent. Or ce qui inspire confiance, c’est la continuité et la cohérence. Mais comme ces deux facteurs ne sont pas réellement présents dans notre système, on ne peut pas s’attendre à ce que l’on croit en notre économie. »
Sans confiance, pas de croissance, toujours nécessaire pour la première économie africaine, certes, mais où, selon l’ONG Oxfam, plus de la moitié de la population vit sous le seuil d’extrême pauvreté soit moins de 1,90 dollar par jour.