La Somalie est très en colère contre ses voisins. Une équipe d’observateurs, mandatée par l’organisation sous-régionale Igad en décembre, vient de diffuser un rapport sur la tension frontalière entre la Somalie et le Kenya. Un rapport très favorable à Nairobi mais totalement rejeté par les Somaliens, qui menacent de claquer la porte de l’organisation.
Avec notre correspondant à Nairobi, Sébastien Németh
La Somalie a rompu ses liens diplomatiques avec le Kenya le mois dernier. Le rapport des experts ne devrait rien arranger car les observateurs ont donné raison à Nairobi sur quasiment tous les points.
Il n’y a pas de preuve que les soldats kényans abandonnent leurs bases aux terroristes shebabs. Non, le Kenya n’a pas reconnu le pouvoir de la région somalienne du Jubbaland, en conflit avec Mogadiscio. Nairobi a simplement besoin de collaborer avec elle, pour mieux lutter contre les islamistes. Non, le Kenya ne soutient pas de milice contre l’État central somalien.
Bref, au final les experts jugent la rupture diplomatique somalienne disproportionnée…
Les Somaliens ont aussitôt jugé le rapport « biaisé, partisan et injuste ». Ils accusent les observateurs, qui sont djiboutiens, de n’avoir pris en compte qu’un seul point de vue. « Ces conclusions endommagent nos relations avec Djibouti. Les experts doivent retirer le rapport et s’excuser », a exigé le ministre somalien de l’Information. Osman Dubbe a même averti que son pays pourrait quitter l’Igad.
Djibouti a répondu que ce sont pourtant les Somaliens qui avaient demandé une enquête, que c’est l’Igad qui les a choisis pour la mener. Et que la mission a été conduite avec « professionnalisme et impartialité ».
Le Kenya lui a répété qu’il n’avait aucun intérêt à déstabiliser la Somalie, tant les liens entre les deux voisins importants.
L’Igad va néanmoins devoir trouver une autre solution pour mettre fin au conflit.