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Madagascar: le nombre pléthorique de collaborateurs au Sénat fait débat

Le nombre de collaborateurs auxquels ont droit les 18 membres du Sénat, issus de la mouvance présidentielle, fait réagir. 41 pour le président de l’institution et 13 pour chaque sénateur. C’est ce qu’indique le règlement intérieur adopté par ces derniers. Alors que le président de la République avait justifié la réduction drastique du nombre de sénateurs de 63 à 18, par un besoin de faire des économies, ce nombre pléthorique d’assistants parlementaires et de conseillers techniques interroge l’opinion publique.

Avec notre correspondante à Antananarivo, Laetitia Bezain  

« Un engagement du président de la République non respecté. » C’est ainsi que l’Observatoire des élections de la société civile, Safidy, réagit à cet effectif important de collaborateurs au Sénat. « Pourquoi a-t-on diminué le nombre de sénateurs dans ce cas ? N’était-ce qu’un calcul politique ? S’ils se sont portés candidats, c’est qu’ils étaient prêts à assumer leurs fonctions avec les moyens y afférents donc ils ne devraient pas prendre de décisions qui vont encore surendetter notre pays », signale Stella Razanamahefa, porte-parole de l’observatoire.

Car c’était l’un des engagements phares du chef de l’Etat : réduire le nombre de membres de la chambre haute, institution qu’il juge budgétivore, pour pouvoir construire, notamment, des universités.

Avec un effectif réduit de plus de deux tiers, les sénateurs, qui représentent les collectivités territoriales décentralisées, « auront plus de communes à couvrir », explique le président du Sénat, Herimanana Razafimahefa. « Avec l’état des routes, ils ne peuvent pas exercer exactement leur fonction de supervision des communes et des collectivités s’il n’y a pas de collaborateurs qui peuvent les aider dans ce sens-là. C’est pour cela que nous avons demandé plus de conseillers pour pouvoir vraiment visiter le maximum de communes et apporter un soutien aux maires et aux conseillers municipaux qui en ont vraiment besoin », justifie t-il. L’impossibilité de représenter pleinement les collectivités territoriales avec seulement 18 sénateurs, c’était justement l’argument de leurs prédécesseurs, en majorité de l’opposition, qui avaient rejeté en bloc cette réduction drastique du nombre de membres de la chambre haute.

Pour le nouveau président du Sénat, cette demande ne va pas à l’encontre de l’engagement du chef de l’Etat. « Nous appliquons à la lettre la politique d’austérité, concernant par exemple, le carburant ou le nombre de commissions. Au lieu de sept commissions, il n’y en aura plus que trois », assure t-il.

Une multitude d’assistants et de conseillers favorisent le népotisme au sein de l’institution, dénoncent certains observateurs. Lors de la précédente législature, ce nombre était déjà notable, avec 34 collaborateurs pour le président du Sénat et six assistants pour chaque sénateur.

La Haute Cour constitutionnelle, qui a validé ce règlement jeudi, remet, elle aussi, en question ce point. « La diminution du nombre de sénateurs a été justifiée par un souci d’austérité et de préservation des deniers publics », indique-t-elle dans sa décision. « Le nombre des collaborateurs des membres du Bureau permanent et ceux des Sénateurs devraient tenir compte de la situation actuelle des capacités budgétaires de l’Etat », poursuit-elle tout en précisant que ce point « doit faire l’objet d’une concertation avec l’exécutif. »

« Heureusement que la HCC a réagi mais c’est honteux d’en arriver à ce stade. Est-ce que l’on a besoin de l’avis de cette Cour pour se rendre compte qu’il y a du gaspillage de deniers publics ? », s’interroge la porte-parole de l’Observatoire de la société civile, Stella Razanamahefa. « C’est à nous de prouver que notre demande est justifiée », réagit le président du Sénat, qui signale que les sénateurs seraient prêts à « lâcher du lest. »

Contactée, la directrice de cabinet de la présidence de la République, Lova Hasinirina Ranoromaro, indique qu’« en vertu de la séparation des pouvoirs, la présidence n’a pas à vocation de s’ingérer dans les affaires du Sénat. Nous devons faire confiance aux institutions de la République. La politique d’austérité budgétaire et  l’utilisation rationnelle des ressources de l’Etat font partie des voies de redressement du pays initiées par le Président. »

 

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