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Affaire Uramin: attaqués par Anne Lauvergeon, France Inter et son journaliste relaxés

Anne Lauvergeon, qui était à la tête du groupe français Areva entre 2001 et 2011, avait poursuivi la chaîne publique et le journaliste en justice pour un épisode d’une émission d’Affaires sensibles sur Uramin. Il faut dire que cette affaire fait l’objet de deux informations judiciaires depuis 2015 et dans l’une des affaires, Anne Lauvergeon est mise en examen.

 

Anne Lauvergeon, qui a été à la tête du groupe entre 2001 et 2011, attaquait en justice la radio publique pour un épisode d’Affaires sensibles baptisé « Uramin: le scandale caché d’Areva », diffusé le 9 février 2016.

La plainte contre France Inter visait huit passages de l’émission qui est l’une des plus écoutées de la station publique. Trois mois après l’audience, le tribunal a rendu sa décision vendredi, estimant que certains passages étaient bien diffamatoires, mais que les prévenus devaient être relaxés au titre de la bonne foi. Le tribunal a estimé que le sujet était d’intérêt général et que les journalistes disposaient d’une base factuelle suffisante.

Le programme était consacré à l’acquisition en 2007 pour 1,8 milliard d’euros de la société canadienne Uramin, propriétaire de trois gisements d’uranium en Afrique. Areva avait investi un milliard d’euros supplémentaires mais, sur place, l’exploitation s’est rapidement révélée plus difficile que prévu et l’opération avait viré au fiasco. Ce rachat controversé est au coeur de deux informations judiciaires depuis 2015. L’une porte sur des soupçons d’escroquerie et de corruption: dans ce dossier, Mme Lauvergeon est témoin assisté ; elle est mise en examen dans la seconde instruction qui porte sur les provisions inscrites en 2010 et 2011 par Areva.

Soupçons d’escroquerie et de corruption

En 2007, alors qu’une élection présidentielle se profile en France, Anne Lauvergeon se lance dans une opération périlleuse. Pour parvenir à vendre des réacteurs à la Chine, elle cherche à diversifier les sources d’approvisionnement d’Areva en uranium. Le géant du nucléaire débourse 1,8 milliard d’euros pour acquérir Uramin, propriétaire de trois mines présentées comme prometteuses en Namibie, Afrique du Sud et Centrafrique. « Atomic Anne », comme on la surnomme, sait qu’avec l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir, l’indépendance d’Areva et même son avenir à la tête de l’entreprise sont menacés, elle qui est considérée comme une proche de François Mitterrand et du Parti socialiste.

Or, non seulement le prix d’acquisition de ces mines est exorbitant, mais le nombre d’actionnaires d’Uramin s’est multiplié en cours de procédure d’achat, laissant planer des soupçons d’escroquerie et de corruption. De nombreuses personnalités africaines sont citées dans ce dossier, jusqu’à l’actuel président de Namibie qui dément tout enrichissement illicite.

Mais très vite, les investissements d’Areva se révèlent moins prometteurs qu’annoncés. Il faut dire que certains de ces gisements comme celui de Bakouma en Centrafrique avaient toujours été considérés comme difficiles à exploiter, tant ils nécessitaient d’investissements en infrastructures.

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