La levée de fond organisée le week-end dernier par le Pastef d’Ousmane Sonko fait réagir. Le parti d’opposition a récolté en quelques heures plus de 125 millions de francs CFA (près de 192 000 euros) pour financer ses activités politiques. Mais le ministère de l’Intérieur l’a menacé de dissolution, car la loi interdit aux partis de recevoir des ressources de l’étranger, ou d’étrangers établis au Sénégal. Cette affaire relance un vieux débat sur le financement des partis politiques.
Avec notre correspondante à Dakar, Charlotte Idrac
Rappel à la loi légitime pour les uns, intimidation de l’opposition pour les autres… La législation de 1981, modifiée en 1989, doit permettre, en principe, d’éviter les financements occultes et l’ingérence d’acteurs étrangers dans la vie politique.
Mais selon Maurice Soudieck Dione, personne ne respecte cette loi. Pour l’enseignant-chercheur en sciences politiques à l’université Gaston Berger, le problème de fond reste à régler.
« Au 31 janvier au plus tard, chaque parti politique doit donner les comptes. Cette loi n’est pas respectée sur ce point. Par ailleurs, les partis au pouvoir qui se sont succédés utilisent régulièrement une manne financière faramineuse lors des élections, sans que l’on sache d’où provient cet argent-là, qui donne. Et c’est pourquoi tout porte à croire que c’est un acharnement contre le parti Pastef. Donc le problème de fond, c’est la question du fonctionnement clientéliste du système politique. »
Sur les réseaux sociaux, des internautes ont d’ailleurs fait ressurgir une vidéo de Macky Sall, à l’époque opposant, sur la participation des militants de l’extérieur au financement de son parti, l’APR.
De leur côté, des sympathisants du Pastef se félicitent de la publicité donnée par le gouvernement à cette campagne de financement participatif.