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Madagascar: ambiance morose sur les marchés pour les fêtes de fin d’année au temps du Covid-19

Durement touchés par les restrictions liées à la pandémie de Covid-19 et les sept mois d’état d’urgence sanitaire, les ménages malgaches ont vu leurs revenus chuter brutalement. Sur les marchés de la capitale malgache, l’ambiance est morose.

Avec notre correspondante à Antananarivo, Laetitia Bezain

Au marché d’Analakely, dans le centre de la capitale malgache, les poissonniers aiguisent leurs couteaux mais les allées sont vides. Les fêtes de fin d’année s’annoncent très sobres. Les habitants achètent peu et les commerçants font grise mine. À cause des pertes d’emploi ou du chômage partiel, près de 65% des ménages de Madagascar ont signalé une perte de salaire au premier semestre 2020, selon la Banque mondiale, et les derniers mois de l’année n’ont pas permis une reprise.

Sur l’étal de Jocelyne, tilapias et carpes ne trouvent pas preneurs. « D’habitude pendant les fêtes de fin d’année, je vends 50 kg de poisson mais aujourd’hui, je n’en ai vendu que 15kg et vous voyez la, il en reste encore beaucoup », raconte-t-elle.

« Mon pouvoir d’achat a beaucoup baissé »

Alors que les marchands comptaient sur cette période pour faire remonter leur chiffre d’affaires après la fermeture des commerces liée au confinement, les Malgaches ont fortement réduit leur budget pour fêter la fin de l’année. « Après le confinement, on pensait rebondir pendant les fêtes mais c’est la même chose que pendant l’épidémie de Covid-19. Les gens n’ont pas d’argent. Ils se contentent de manger le strict nécessaire. L’année dernière, nos clients – de simples gens ou des hôtels – passaient leur commande une semaine avant pour les crevettes, les calamars ou la chair de poisson mais jusqu’à maintenant, nous n’avons rien », remarque Jacques, vendeur de fruits de mer.

À quelques mètres de là, Mme Mamy, vendeuse de volailles, tente d’attirer les clients. « J’ai bien affiché les prix parce qu’on les a baissés par rapport à d’autres vendeurs et on accepte aussi quand les clients veulent négocier », explique-t-elle. Des clients qui ont déjà dû faire face ces dernières semaines à l’augmentation des prix des denrées de base, comme le riz, explique Jonah, qui ne s’est pas encore décidé à acheter : « On vient juste pour voir les prix. On ne va pas préparer beaucoup à manger. On ne peut pas faire une grande fête comme avant. Je suis coursier et mon pouvoir d’achat a beaucoup baissé ».

Cette année, près de 1,4 million de Malgaches sont tombés sous le seuil de pauvreté, estime la Banque mondiale, et 77% des habitants de la Grande Île vivent avec moins d’1,55 euro par jour, le taux de pauvreté le plus élevé depuis 2012.

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