En Éthiopie, l’armée fédérale se déploie dans la région de Benishangul-Gumuz, dans l’ouest, suite à un massacre ethnique de grande ampleur. Selon les défenseurs des droits de l’Homme, au moins cent personnes ont été tuées mercredi 23 décembre au matin dans le village de Bekoji.
Avec notre correspondant régional, Sébastien Németh
Il s’agit du dernier bain de sang en date dans cette région touchée par la violence tribale. D’après des témoins, des inconnus armés seraient arrivés dans le village avant l’aube, vers 5h du matin. Ils auraient brûlé les maisons, abattu et poignardé les habitants. Selon Amnesty International, qui a pu parler à cinq survivants, les assaillants appartenaient à la communauté Gumuz, majoritaire dans la région. Les victimes, elles, seraient Amhara, Oromo et Shinasha. Des dizaines de personnes sont encore portées disparues et le bilan va certainement s’alourdir, indique l’organisation.
Ce bain de sang est un camouflet pour le Premier ministre Abiy Ahmed. Il était dans la région mardi 22 décembre afin d’appeler au calme après de multiples attaques à caractère ethnique ces derniers mois.
Un « acte inhumain »
Ce jeudi, Abiy Ahmed a présenté ses condoléances aux familles. « Nos efforts pour résoudre le problème n’ont pas entraîné les résultats attendus », a reconnu le chef du gouvernement. Il a expliqué que les forces fédérales s’étaient déployées dans la zone après ce qu’il a décrit comme un « acte inhumain ».
L’armée a d’ailleurs annoncé ce jeudi 24 décembre avoir saisi des armes et tué 42 personnes dans la zone, décrites comme des « éléments anti-paix » liés au massacre, sans plus de précision.
Enfin, cinq responsables locaux ont été arrêtés. Certains sont toujours en poste comme le ministre régional du Travail. D’autres avaient occupé de hautes fonctions locales, y compris au sein du Parti de la prospérité, le mouvement du Premier ministre.