Le Premier ministre soudanais renouvelle ses critiques sur le poids des militaires dans l’économie nationale. Une constance au risque de braquer les hauts gradés qui veulent conserver leurs avantages, après avoir conclu en août 2019 un accord historique pour un transfert progressif du pouvoir aux civils. Abdallah Hamdok se montre déterminé à mettre fin à la mainmise des hauts gradés de l’armée et des services de renseignement sur l’économie du pays.
Avec Stanislas Ndayishimiye, du service Économie de RFI
Pour le Premier ministre soudanais, s’il est normal que des militaires investissent dans les entreprises liées à la sécurité, « il est inacceptable » qu’ils le fassent dans les autres secteurs de l’économie.
Sous le régime d’Omar el-Béchir, les généraux et les hauts cadres des services de sécurité se sont taillé la part du lion dans les secteurs les plus rentables comme l’exploitation de l’or, la gomme arabique, l’exportation de la viande, le commerce de la farine ou encore du sésame.
La récente sortie d’Abdallah Hamdok ce mardi 14 décembre a eu lieu le jour où Washington a formellement retiré le Soudan de la liste des pays soutenant le terrorisme, ce qui lui permet désormais d’envisager sereinement les échanges commerciaux avec le reste du monde et d’attirer les investisseurs. Les États-Unis encouragent les nouveaux responsables soudanais à s’engager sur la voie de la bonne gestion.
Refus du chef de l’armée
Il y a une semaine, le 8 décembre, le Congrès américain a adopté une loi concernant « la transition démocratique au Soudan, la responsabilité et la transparence ». « Un contrôle civil doit être établi sur les finances et les actifs appartenant aux forces de sécurité », stipule le texte. La loi préconise même le transfert au ministère des Finances ou à toute autre entité qui peut être contrôlée par le pouvoir civil, l’actionnariat des entreprises détenues par les militaires.
Car aujourd’hui, ces sociétés appartenant aux généraux ne payent pas d’impôts sur les bénéfices et opèrent dans une totale opacité, alors que le Soudan est toujours plongé dans le marasme économique qui a provoqué la chute du général Omar el-Béchir.
Le chef du Conseil de souveraineté, la plus haute instance exécutive du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, également chef de l’armée, refuse de transférer ces sociétés au gouvernement. Il se dit seulement prêt à ce qu’elles paient des impôts.