L’Ivoirien Ouattara a prêté serment ce lundi, le Guinéen Condé le fait ce mardi. La presse ouest-africaine s’attarde sur ces deux présidents qui entament donc leur troisième mandat.
« Nouveau mandat signifie nouveau départ, s’exclame Fraternité Matinà Abidjan. Souhaitons-le meilleur au Président Ouattara. Que son nouveau mandat serve à redresser ce qui n’est pas encore droit et à rassembler ce qui est épars. Si sur le plan macroéconomique, en presque dix ans, nous avons réalisé des prouesses saluées dans le monde entier, nous avons cependant à sérieusement améliorer notre système éducatif afin qu’il soit mieux adapté à notre désir de devenir un pays vraiment émergent. Travaillons à ce que notre école ne serve pas à fabriquer que des chômeurs diplômés. Nous devrions également améliorer notre gouvernance […]. En termes plus simples, accentuons la lutte contre la corruption sous toutes ses formes […]. Et que l’autorité s’exerce dans toute sa rigueur, mais dans la justice, en tenant compte de l’intérêt supérieur du pays pour que les choses marchent droit, afin qu’à la fin de son mandat, ceux qui contestent M. Ouattara aujourd’hui le regrettent. »
Main (de fer) tendue à l’opposition ?
Lors de son discours d’investiture ce lundi, Alassane Ouattara a été très ferme envers l’opposition. C’est ce que relève L’Infodrome : « Alassane Ouattara n’en démord pas. Comme il fallait s’y attendre, il n’entend pas libérer de sitôt les militants et cadres de l’opposition incarcérés dans les prisons ivoiriennes au lendemain du scrutin présidentiel du 31 octobre. Pour lui, les « actes de violences ne doivent pas rester impunis ». […] Plusieurs responsables, dont Pascal Affi N’Guessan, ancien Premier ministre, et Maurice Guikahué (du PDCI), ont été mis aux arrêts, rappelle L’Infodrome. Ils sont toujours en attente de leur procès. »
Toutefois, note Jeune Afrique, Alassane Ouattara a voulu se poser en « en rassembleur d’un pays affecté par de vives tensions. […] Il a annoncé la création d’un ministère de la Réconciliation nationale et appelé à la reprise du dialogue avec l’opposition en vue des élections législatives. »
En Guinée : détente politique ou non ?
En effet, pointe Ledjely à Conakry, « Alassane Ouattara a réitéré la main tendue à l’endroit de l’opposition. Au point d’annoncer donc dans la foulée, la création prochaine d’un ministère de la réconciliation nationale. À Conakry, on a jusqu’ici opté pour une approche différente, relève le site guinéen. Alpha Condé et ses collaborateurs parient davantage sur la fermeté et la logique du rapport de force qui semble leur être favorable. Il reste néanmoins à savoir si à l’occasion du discours d’investiture de ce mardi, le chef de l’État donnera le ton de la détente que de nombreux Guinéens appellent de leurs vœux. […] C’est là l’espoir de tout un peuple qui en a marre des mésententes politiques dont il a trop et trop longtemps payé le plus lourd tribut. »
Requiem pour l’alternance démocratique
WakatSéra au Burkina ne prend pas de gants envers les deux présidents. « Ouattara et Condé offrent un enterrement de première classe à l’alternance démocratique, fustige WakatSéra. Dans le double rôle de bourreau et de croque-mort, pour assassiner et enterrer le second mandat constitutionnel, deux anciens opposants historiques ont excellé. Alassane Ouattara, 78 ans, et Alpha Condé, 82 ans, pour des intérêts égoïstes et la soif inextinguible du pouvoir, n’ont pas hésité, un seul instant, par ce troisième mandat de tous les malheurs, à donner le coup de grâce à l’alternance imposée par la loi fondamentale de leurs pays, la Côte d’Ivoire et la Guinée. »
Enfin, Guinée News note que le président nigérien Mahamadou Issoufou, qui lui ne se représentera pas à la présidentielle à la fin du mois, ne figure pas sur la liste des invités à l’investiture d’Alpha Condé. « Le président Condé a voulu être prudent, relève Guinée News, parce qu’a priori, Mahamadou Issoufou, dont la position de principe sur la question du « troisième mandat » ne souffre d’aucune ambiguïté, paraîtrait quelque peu incohérent en venant assister à cette cérémonie de prestation de serment. »
Guinée News qui rappelle que « l’entreprise de révision constitutionnelle qui a permis à Alpha Condé de briguer un troisième mandat avait été, dès le départ, vivement combattue par le Nigérien. […] Et comme pour lui rendre la pièce de sa monnaie, Alpha Condé a invité en bonne et due forme l’opposant le plus farouche d’Issoufou, Hama Amadou, qui a confirmé sa venue. »